Pour beaucoup, l'affiche du black metal is rising V, festival organisé chaque année à l'instigation des Acteurs de l'ombre, n'était pas des plus enthousiasmantes. La défection de Glorior Belli n'ayant pas arrangé les choses. Seule la présence mystérieuse de Darkspace a permis à l'événement de voir sa valeur ajoutée multipliée, opinion certainement pas partagée par tous...
De fait, le bilan est mitigé. Si l'organisation est irréprochable on ne peut que regretter le manque de distro présente. Rien hormis Drakkar. C'est maigre.
Question musique, le festival a débuté avec Azziard. Fort de tenues improbables, les Français ont déversé leur black death avec conviction mais sans relief particulier sur une scène, celle de la Loco, qui semblait bien trop grande pour eux. A leur décharge, reconnaissons que le groupe tente, quoique timidement, de s'extraire des clichés que traîne le genre comme un boulet.
Bien plus en place, Orakle a délivré une bonne prestation, centrée surtout sur son dernier opus, l'excellent Tourments & perdition. Sans bavure, les musiciens sont parvenus pratiquer leur metal noir à la norvégienne avec précision. Et là encore, pas de corpsepaint stérile ou de croix renversées qui ne font plus à personne.
Pas comme le médiocre Nefarium qui aligne comme des pinces sur un fil tous les poncifs du black metal : crâne accroché au pied du micro, goules peinturlurées à la truelle, attitude (faussement) menaçante et un blasphème rapide et sans saveur.
En revanche, Reverence, avec une économie de moyen, a réussi à plomber l'atmosphère. Martial et écrasant, le groupe fait forte impression avec son black étouffant aux confins de l'indus. Assurément un des moments les plus forts du festival.
Celestia était attendu par beaucoup. Cette légende de l'art noir hexagonal n'a pourtant pas totalement convaincu. Le set démarre de très belle façon avec un Noktu théâtral et "habité" par son rôle. Mais une certaine forme de redondance va peu à peu gripper la mécanique. Les chansons sont là, convaincantes, le maître des lieux est sincère mais l'impression que le black metal aristocratique de Celestia perd de son charme sur scène est non moins évidente. Dommage. Un grand groupe toutefois.
Meilleur dans tous les cas qu'un Hegemon un peu trop sûr de lui, certes direct et efficace mais sans magie. Nombreux ont dû estimé que Setherial était la vraie tête d'affiche de la journée. Et en effet, les Suédois, hyper précis, ont pu s'appuyer sur un public à bloc. Il est cependant permis de juger lassant cette cadence infernale, imprimée par des musiciens solides, qui jamais ne prend le temps de se reposer.
Enfin Darkspace n'aura laissé personne indifférent. Tout d'abord, les premières minutes seront catastrophiques. Tout le monde se regarde en se demandant où sont les guitares, où est le chant car seul la boîte à rythme, implacable, se fait entendre dans cette bouillie sonore. Puis peu à peu le groupe trouve ses repères et de la bouillie du départ commence à prendre forme un maelström monstrueux et hypnotique, renforcé par le minimalisme de la mise en scène, constituée de ses trois musiciens statiques sortis tout droit d'un épisode de V, chacun étant planté à un coin de la scène pour n'en plus bouger. Etonnamment, si le public n'a pas forcément accroché au black cosmique des Suisses, rares sont ceux pourtant qui déserteront la fosse. Un moment inoubliable.
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