15 juillet 2021

CinéZone | Andrew V. McLaglen - La route de l'Ouest (1967)




La route de l'Ouest est un western mal-aimé, un peu à l'image de Andrew V. McLaglen, réalisateur que d'aucuns réduisent à un John Ford du pauvre dont il était le fils d'un des acteurs fétiches (Victor McLaglen) et une sorte d'héritier. C'est donc en toute logique qu'il sillonnera, avant de se tourner en fin de carrière vers le polar (Liquidez l'inspecteur Mitchell - 1975), l'aventure (Les loups de haute mer - 1979) ou le film de guerre (Les oies sauvages - 1978), le, chemin caillouteux du western., il est vrai, rarement pour le meilleur (La loi de la haine - 1975), parfois pour le pénible (Rancho Bravo) mais le plus souvent pour le quelconque (Chisum). Plombé par une réputation calamiteuse, La route de l'Ouest se révèle pourtant moins mauvais qu'on ne le dit. Il est même permis de le considérer comme un des westerns les mieux tenus de McLaglen, qui n'a pas à rougir de la comparaison, loin s'en faut, avec d'autres périples westerniens de la décennie des années 60 tels que La conquête de l'Ouest (1962) ou le médiocre La ruée vers l'Ouest (1960). Bénéficiant de moyens importants, il livre une mise en scène qui ne manque ni d'ampleur ni de lyrisme, déroulant un récit épique quasi biblique (L'Oregon est présenté comme une nouvelle Jérusalem) riche de maintes péripéties (les Indiens...)  et d'intrigues secondaires (rivalité entre les protagonistes, l'attitude équivoque de certains personnages féminins) qui le nourrissent habilement. Basé sur le deuxième des trois romans écrits par A.B. Guthrie, le film présente des personnages intéressants, tout en clair-obscur et loin du manichéisme de rigueur, à commencer par Tadlock (Kirk Douglas), meneur d'hommes au comportement ambigüe, passionné et fiévreux, brutal et masochiste. Plus secondaire, figure ce prêcheur illuminé qu'interprète Jack Elam. Puisqu'on parle des comédiens, l'une des grandes forces de La route de l'Ouest réside évidemment dans son trio de stars (Kirk Douglas, Robert Mitchum et Richard Widmark, excusez du peu !) qui tient toutes ses promesses. Et puis la mort du premier reste durablement gravée dans la mémoire. Déjà anachronique pour l'époque, The Way West a pourtant justement le bon goût de ne sacrifier ni à la violence immorale importée d'Italie ni à la démythication crépusculaire qui bouillonne  dans les westerns de Sam Peckinpah (La horde sauvage sera réalisé deux ans plus tard). En définitive, La route de l'Ouest mérite mieux que son échec commercial et sa réputation désastreuse, ultime oripeau classique d'un genre à la fois en mutation et en déclin... (vu le 13.02.2021) ⍖⍖




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