9 novembre 2019

Pristine | Road Back To Ruin (2019)



















On sait depuis longtemps que le hard rock mâtiné de blues se conjugue parfaitement au féminin. Les plus vieux se souviendront peut-être de l'éphémère Zephyr avec le futur remplaçant de Ritchie Blackmore au sein de Deep Purple, Tommy Bolin, les plus jeunes du méconnu Fuzz Mantra sans oublier les reines Layla Zoe et Beth Hart dans un registre plus blues que hard. On pense aussi à Blue Pills pour lequel Pristine a chauffé les salles en 2016. Nombreux sont alors ceux à avoir découvert ces Norvégiens qui ont carrément volé la vedette à la tête d'affiche suédoise.

Flairant la bonne affaire, Nuclear Blast  n'a ensuite pas tardé à les prendre sous son aile. Le quatuor n'a pourtant pas attendu cette promotion pour faire parler de lui et mettre le feu aux poudres dans sa Norvège natale et depuis 2011, ce n'est pas moins de quatre albums (sans compter le petit dernier et sujet de cette chronique) qui ont coulé sous les ponts. Quatre albums, quatre brûlots dont on comprend mal pourquoi leur succès fut finalement assez limité eu égard au talent insolent de leurs jeunes géniteurs. Pristine, c'est du (hard) rock et du meilleur, qui convoque aussi bien la fougue de Deep Purple et la puissance épique de Led Zeppelin. Imaginez Black Country Communion qui aurait remplacé Glenn Hugues par une chanteuse du feu de dieu et vous obtiendrez alors une assez bonne image de ce que contient "Road Back To Ruin". Mêlant énergie et émotion, le tout enrobé d'un son chaud et douillet mais authentiquement rock, le successeur de "Ninja" qui, il y a deux ans, avait légèrement déçu, possède de sérieux atouts pour trôner en haut du podium des meilleures galettes de l'année 2019. Riche de onze morceaux, son menu dégage une force aussi furieuse que communicative, qui à la fois donne envie de déplacer des montagnes et libère une agréable chaleur dans le bas ventre.

Orgasmique, l'opus distribue les perles dégorgeant de feeling, qu'elles soient rapides ou plus feutrées voire reptiliennes. Ainsi, aux très efficaces 'Sinnerman' (et son orgue purplelien), 'Landside' ou ce 'Dead End' curieusement placé en bout de course, s'accroche un ensemble de compositions extrêmement variées mais qui ont toutes en commun une même force passionnelle et une douloureuse dramaturgie. 'Road Back To Ruin' est prisonnier d'une pesante gangue mélancolique, 'Blind Spot' frissonne sous les coups de boutoir bouleversants de la chanteuse et 'Cause And Effect' épouse les traits déchirants d'une power ballad bluesy sur laquelle plane le fantôme de Gary Moore. Aux côtés de ces envolées épiques se glissent des respirations plus dépouillées ('Aurora Skies', 'Your Song') ou des saillies plus rampantes, mid-tempo juteux où une guitare nerveuse répond à des claviers humides ('Pioneer'), où les atmosphères soyeuses se fondent dans un substrat terreux ('The Sober'). Ce tour du propriétaire ne serait bien sûr pas complet sans souligner la formidable performance de Heidi Solheim qui allie énergie rageuse et beauté foudroyante avec son timbre chaud qui additionne la dureté du hard, la délicatesse du blues et le moelleux de la soul. Ses partenaires lui dressent un lit dans lequel elle peut s'épanouir, témoin ce 'Bluebird' où elle se prête à des joutes avec l'orgue Hammond sur fond de rythmique zeppelinienne et de chœurs gospel. Propulsé par un organe féminin incandescent, "Road Back To Ruin" constitue la meilleure façon de découvrir Pristine, tout simplement ce que le hard bluesy et vintage nous a offert de plus jouissif depuis très longtemps. (11.05.2019 | Music Waves)

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