15 mars 2019

KröniK | Clutch - Book Of Bad Decisions (2018)


Bien que détenteur d'une identité sonore extrêmement forte, Clutch s'est toujours amusé à jongler avec les genres, passant du stoner au funk, du heavy au hardcore, du punk au rock psyché. En cela, "Book Of Bad Decisions" peut faire office de synthèse pour les Américains dont chaque nouvelle offrande est très attendue. Après le large succès rencontré par, "Earth Rocker" puis "Psychic Warfare", gravés 2013  et 2015, ce douzième effort l'est même plus particulièrement. A la fois proche de ses récents aînés tout en louchant (un peu) vers le passé de ses géniteurs, cet album trempe dans une vaste palette de couleurs, brassant nombre de styles avec une cohérence qui laisse rêveur. Car grand était en effet le risque pour le groupe, de s'égarer à travers ces quatorze titres parfois disparates.

Quel rapport, ainsi, entre le blues de 'Vision Quest' et le rock graisseux de 'Spirit Of '76', par exemple ? Encadrés par le producteur Vance Powell (Arctic Monkeys), les Américains ont pourtant su les faire cohabiter dans un ensemble étonnamment fluide, même si extraire de cette masse compacte un fil conducteur parait difficile. Très courts et furieusement rock'n'roll, les morceaux s'enchaînent à la vitesse d'un cheval au galop sans qu'on en retienne tout d'abord grand chose, si ce n'est la force groovy de leur fuselage sonore et l'éclat rutilant de leurs arrangements ('Emily Dickinson'). Et plutôt que de se lancer dans une énumération de toutes les chansons en une litanie d'autant plus fastidieuse que celles-ci ratissent donc (très) large, entre la country d'un 'Hot Bottom Feeder' et le funk d'un 'In Walks Barbarella', il est plus important de voir ce qui les cimente à savoir ces guitares grasses et fuzzy tout ensemble et le chant si caractéristique de Neil Fallon. Sur ce socle terreux se greffe la batterie de l'impeccable Jean-Paul Gaster, toute en rondeur énergique. Sur cette assise technique qui a fait ses preuves et armé d'une fine intelligence, Clutch peut alors survoler un relief escarpé aux multiples paysages. Il le fait avec un mélange unique de puissance robuste et de décontraction tranquille. Il en résulte un menu certes d'une homogénéité perturbante mais dont la qualité d'écriture supérieure lui confère au final toute sa cohérence. (14/10/2018) ⍖⍖


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