13 mars 2019

KröniK | All Them Witches - ATW (2018)


Depuis 2012, année où nous le découvrions grâce à un "Our Mother Electricity" de bonne mémoire, All Them Witches a enchaîné les sorties, petites ou grandes (par la taille) mais toujours savoureuses. Reste que, et nonobstant leurs juteuses qualités, ces dernières ne nous avaient pas vraiment préparé à une telle baffe. Car osons le dire, "ATW" n'est pas seulement ce que les Américains ont enfanté de plus jouissif, il s'impose surtout comme un pur joyau de rock psyché. Le fait que ce cinquième opus longue durée ait pour titre les initiales de son auteur n'est pas un hasard, manière d'annoncer que le groupe a trouvé son identité et avec elle, la quintessence de son art. En outre,  que le combo demeure viscéralement un trio (même s'ils sont quatre désormais), basé à Nashville, en dit plus long sur lui qu'un grand discours.

La forme dépouillée commande une expression intense et furieusement rock'n'roll. A l'ancienne et sans artifices. Une guitare, une basse, une batterie mais aussi un clavier moelleux et humide que recouvre l'ombre des John Paul Jones (Led Zeppelin) ou de Ray Manzarek (les Doors). Leur origine géographique ancre naturellement leur musique  dans une terre bluesy et douloureuse, ce qui lui confère son âme et la distingue du stoner auquel les gars sont maladroitement rattachés. Feeling et authenticité donnent vie à cet album qui transpire l'émotion et une souffrance contenue, laquelle poisse les compos les plus lancinantes ('Diamond) et/ou les plus sombres (le poignant 'HTJC'). Gorgé de couleurs chaudes, l'album a quelque chose d'un va-et-vient lascif entre brûlots endiablés et lentes échappées que malaxe un blues charnel. 'Fishbelly 86 Onions' qui amorce l'écoute avec son orgue rugissant ou '1st Vs. 2nd' qui termine la tête dans les étoiles nous montrent ainsi la face la plus accrocheuse d'un groupe qui n'est cependant jamais aussi bon que lors de ses moments les plus émotionnels à l'image du très progressif 'Rob's Dream' dont le chant évoque Pink Floyd et les claviers le Led Zep de 'No Quarter' alors que, du haut de ses dix minutes au garrot, 'Harvest Feast' culmine avec ses déhanchements bluesy qu'égrène une six-cordes pointilliste touchée par la grâce. Avec les années, All Them Witches a gagné en force et en créativité, enrichissant sa palette sonore de mille arômes tendres et chatoyants. Le résultat est ce "ATW" à la fois tranquille et vitaminé, onctueux mais pétri de douleur(s). (07/10/2018) ⍖⍖⍖


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