6 février 2018

KröniK | Lethvm - This Fall Shall Cease (2017)


Les têtes chercheuses de Deadlight Enternainement, ne cessant de tamiser les terres du doom le plus apocalyptique, le plus mazouté, ne pouvaient que jeter leur dévolu sur Lethvm, quatuor belge dont la carte de visite, baptisée "Affable Erosion" lui a suffi pour se tailler très vite un nom au sein de la Sainte Chapelle doloriste. Plus que dans tout autre genre, le doom reste marqué par un déterminisme géographique prégnant. Ainsi, le fait qu'il s'enracine dans les paysages froids et abrups du Plat Pays commande à ce matériau aussi funèbre que colérique une sévérité minérale.
Refusant d'être inféodé à quelque (sous-)courant que ce soit, le groupe maltraite aussi bien le sludge que le post metal auxquels il inocule une sourde dose de black metal, notamment pour cette noirceur négative et certaines lignes de chant maladives et hurlées comme celles achevant 'Winter's Journey'. De ce sol détrempé se dresse un vit noir strié de nervures épaisses desquelles suinte un pus désespéré. Contre cette roche glaciale grattent des guitares ferrugineuses qui sécrètent une mélancolie poisseuse que des vocalises nourries au Destop soulignent au burin. Une tension rentrée secoue ces pulsations fiévreuses d'une densité extrême. Entre leurs murs se serre une architecture tortueuse qui les plonge dans un puits de contrastes. Pesant et aéré, hystérique et apaisé, charbonneux et émotionnel, "This Fall Shall Cease" l'est tour à tour, ce qui le rend aussi passionnant qu'insaisissable. Pulsatif, chaque titre est une marche supplémentaire dans l'intimité ténébreuse d'un bunker dont le coeur est atteint lors d'un 'Encounter With The Sun' qui voit ses auteurs sculpter un maillage tendu à l'extrême, constamment au bord de la rupture. Plus l'écoute progresse, plus l'opus étire vicieusement ses tentacules, jouant sur les silences et les temps morts pour mieux cracher sa semence nihiliste en un torrent de désespoir, témoin le terminal 'Ejla' qui résonne comme un ultime râle poissé de sang. Avec une puissance terreuse, Lethvm décrasse les orifices, laissant dans son sillage un tapis de cendres. (14/10/2017)






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