15 décembre 2017

KröniK | Apotelesma - Timewrought Kings (2017)


Courte mais tortueuse est la trajectoire de Apotelesma. Au départ, le groupe hollandais est baptisé Monuments et publie en 2014 le EP « The December Sessions » où se déploie un doom aux confins du black metal. Trois ans plus tard, il accouche enfin de sa première offrande longue durée non sans avoir entre temps changé de nom et évolué vers un art plus atmosphérique bien que toujours doloriste. Depuis, s’il n’a pas (encore) totalement disparu, un hiatus a été annoncé et la chance de le voir donner un jour un successeur à Timewrought Kings parait hautement compromise.
Ce que l’on peut trouver à la fois surprenant, les Bataves ayant bataillé pour parvenir à bout de cet album et regrettable tant celui-ci se révèle on ne peut plus prometteur. Que l’opus soit le fruit d’un accouchement long et difficile qui s’est étiré sur plusieurs années, ne s’entend pas si ce n’est à travers un résultat admirable qui témoigne d’un travail minutieux tant en terme de progression que d’ambiances. Si l’on peut appréhender Timewrought Kings comme une œuvre conceptuelle qui questionne sur la place de l’homme, chacune des parties qui la compose est pensée comme une pièce à part entière, tableaux successifs d’un retable sinistre sculpté dans la roche froide d’une montagne avalée par l’hiver. Arborant les traits granitiques du doom death hollandais dont il respecte les tables de la loi à la fois abruptes et caverneuses, Apotelesma prend cependant soin de s’en éloigner, de s’affranchir de ses invariants pétrifiés. Quelques lignes de chant clair, fugaces mais ô combien salvatrices, qui jaillissent tout à coup du déchirant ‘Aural Emanations’, comme un oasis lumineux, des guitares qui n’hésitent pas à s’élever très haut quand bien même elles secrètent un désespoir infini (‘The Weakest Of Men’) et une écriture pleine de déliés dont les convulsions quasi progressives ne l’exonèrent pas d’une douloureuse inexorabilité, poussent ce menu compact dans une direction étonnante et personnelle. Intimiste mais parasité par des effluves corrosives, le temps de la courte pause instrumentale qui lui donne son nom, Timewrought Kings s’enfonce dans les méandres hivernales d’un doom sentencieux et funèbre auxquels s’accrochent de faibles lueurs d’espoir par l’entremise de touches atmosphériques. Pulsation aux multiples dimensions, ‘Our Blooming Essence’ illustre ainsi toute la profondeur du clair-obscur dans lequel macère cette œuvre exigeante et précieuse. Les musiciens prennent leur temps pour tricoter des compositions fleuves dont le tracé sinueux file pourtant droit vers une issue funeste que ne contrarient pas de fragiles vigies perçant ce brouillard charbonneux. Pourtant, le terminal ‘Remnants’ que nimbe en fin de parcours un chant poignant, souligné par des guitares empreinte d’une tristesse limpide, achève l'écoute sur une pale note d'espoir... 3.5/5 (13/12/2017).






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