3 avril 2017

KröniK | Esben And The Witch - Older Terrors (2016)


Quand bien même il est sorti de la froide terre britannique il y a neuf ans déjà, auteur de trois offrandes avant celle qui nous intéresse aujourd'hui, gageons que l'alliance scellée avec Season Of Mist devrait apporter à Esben And The Witch l'exposition qui jusqu'alors lui faisait quelque peu défaut et qu'il mérite largement. Mais de quoi s'agit-il au juste ?
On ne peut évoquer ce trio sans insister sur la voix de sa chanteuse (et bassiste) Rachel Davies, principal arc-boutant de ce tertre crépusculaire niché dans l'intimité touffue d'une forêt semée de mystères et de légendes, pinceau fragile mais néanmoins puissamment émotionnel qui sert à peindre un tableau dont les couleurs terreuses puisent dans une palette désenchantée entre post rock fantomatique et musique délicatement electro. Si ce matériau à la fois spectral et pulsatif, doucereux et immersif, paraît faire mentir le titre agressif qu'arbore ce quatrième album, "Older Terrors" palpite pourtant bien d'une tension, mais celle-ci se révèle avant tout sourde et orgasmique, grondant sous la surface de compositions dilatées. Ce sont des terreurs qui épousent les formes contemplatives, presque intimistes, d'une nature faussement calme, laquelle abrite cependant des peurs séculaires venues du fond des âges. Ces quatre longues pistes sont à cette image, apaisées et cheminant tranquillement le long d'une sente sinueuse que borde toutefois la masse orageuse de bois menaçants. Bien qu'ils prennent leurs temps pour tricoter des ambiances aux allures de kaléidoscopes d'émotions désespérées, aucun titre ne descendant en-dessous de la barre des dix minutes au compteur, les Anglais, désormais installés à Berlin, n'ennuient pourtant jamais grâce à une écriture houleuse dont l'immense 'The Wolf's Sun' synthétise tous les caractères, lente procession tout d'abord squelettique et scandée par le chant magnétique de la belle, fil d'Ariane d'une pureté fébrile que vient rejoindre une ligne de basse hypnotique avant que la guitare se décharge d'une noirceur d'encre en une déchirante élévation qui ne peut qu'aboutir sur la (petite) mort. Quoiqu'il en incarne l'évidente apogée ainsi que l'épicentre, ce morceau n'est pas isolé au sein d'un menu compact qui a quelque chose d'un bloc indivisible. Le poétique 'Sylvan', lui aussi secoué par les soubresauts de six-cordes tour à tour ferrugineux ou stratosphériques, 'Making The Heart Of A Serpent', que rythment des percussions compulsives et le terminal 'The Reverist' progressent à chaque fois crescendo, voyant brutalement leurs traits se durcir à mi-parcours. Avec "Older Terrors", Esben And The Witch propose une exploration sonore aussi introspective que déchaînée qui sonde l'âme autant que le cœur. 4/5 (2017) |
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