Alors
que Mother Earth demeurera très certainement son chef-d’œuvre, il n’en demeure
pas moins que c’est bien son successeur, The Silent Force qui s’impose comme le
pivot, en terme artistique, de la carrière des Hollandais (pas si
violent) ; il est bien celui qui a fixé durablement leur style, ce sympho
gothic metal à chanteuse qui lorgne de plus en plus vers la frange US de cette
chapelle (on pense bien entendu à Evanescence, en mieux). Le fait d’avoir fait
appel au chanteur de Life Of Agony, Keith Caputo, le temps d’un duo avec la
belle Sharon dont la réussite éclatante fait de « What Have You
Done » un des sommets de l’album, témoigne de cet attirance pour les
Etats-Unis et son marché. The Heart Of Eveything s’inscrit donc la continuité
de son aîné. Il semble même de prime abord le surpasser, ce que confirment le
retour à un format d’écriture parfois moins calibré (l’inutilement long
« The Thruth Beneath The Rose ») et des chansons qui, pour la
plupart, dépassent les cinq minutes. Et puis, il y a ce sombre et puissant
« The Howling » en ouverture qui nous fait espérer de l’excellent de
la part de Within Temptation et qui donne dans un premier temps l’illusion que
celui-ci a trouvé le bon équilibre entre ses deux précédentes livraisons. Hélas
tout ne se révèle pas du même tonneau. Si « Frozen » est une ballade
plaisante, bien que dépourvue d’émotions, contrairement à ce que les Bataves
nous avaient habitué autrefois ; si « Our Solemn Hour » est une
pièce noire, orchestrale sans sombrer dans la surenchère des caniveaux ;
enfin si le titre éponyme, propulsé par un refrain qui une fois prononcé ne
lâche plus sa proie, voit la chanteuse durcir le ton, ce dont elle ne nous
avait pas habitué ; que dire en revanche du banal « Hand Of
Sorrow », du néanmoins intéressant « The Cross », de cette tentative
maladroite de sonner plus moderne qu’est « Final Destination », du
mielleux « All I Need » ou soporifique « Forgiven » ?
Autant de morceaux sympathiques qui s’écoutent une fois avec plaisir mais dont
on ne retient pas grand chose au final. Certes Within Temptation sait écrire de
bonnes chansons, a recours avec intelligence et discrétion à l’apparat
symphonique tandis que Sharon Den Adel chante aussi divinement bien, même si sa
voix a perdu en chemin une bonne part de son charme. Certes, The Heart Of
Everything est un album de qualité. Certes, le groupe tente de colorer sa
musique à l’encre noire mais sa démarche, bien que louable ne se solde pas
encore par un franc succès. Reconnaissons-lui au moins la volonté de continuer
à travailler un art qui, du reste, ne devrait plus connaître de profonds
bouleversements. 3/5 (2008)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire