Non
content d'avoir déjà cette année livré avec Blood Ceremony le très bon
"Lord Of Misrule", le bassiste Lucas Gadke a trouvé le temps de
graver le premier album de son propre projet, baptisé Völur. Ceux qui, sans
doute trompés par la présence à ses côtés d'une jeune femme, espèrent de lui le
même proto doom aux accents forestiers et occultes comme au sein de son
principal port d'attache, en seront bien entendu pour leur frais, cette seconde
entité ne partageant guère avec son aîné que de très lointaines racines
progressives. Mais si la flûte boisée de Alia O'Brien peut par moment évoquer
un Jethro Tull biberonné aux films d'horreur de série Z, les notes tordues
égrenées par le violon désaccordé de Laura Bates convoquent quant à elles le
fantôme du King Crimson époque "Lark's Tongue In Aspic". Le caractère
(presque) instrumental de "Disir" - seuls quelques growls et choeurs
féminins viennent percer sa trame osseuse - participe d'ailleurs de cette
filiation qui séduira autant qu'elle risque de faire fuir les moins courageux. La
dimension chamanique d'une partition finalement plus proche d'un ambient rituel
que du metal achève de faire de ce galop d'essai une expérience sonore
hermétique sinon austère à réserver en priorité à ceux que n'effraient ni
l'étrange ni les longues pièces contemplatives. Basse, violon et percussions
tribales forment l'ossature épurée de ces quatre compositions que l'absence de
guitare contribue à rendre décharnées. Ceux qui ont eu la chance d'écouter la
démo du même nom dont "Disir" reprend quatre des cinq pistes, menu
"seulement" amputé de 'Idisemorgen' et ses quasi 17 minutes au
compteur, s'ils ne seront donc pas dépaysés par son contenu, n'en céderont pas
moins encore une fois à son étrange pouvoir de fascination et ce, quand bien
même les limites de l'exercice affleurent lors d'un 'Heiemo' terminal et
(presque) interminable malgré une première partie envoûtante. Mais 'Es Wächst
aus Seinem Grab', qui gravite au bord de la folie et plus encore 'The
Deep-Minded', où la copulation des trois instruments sur fond de mélopées
sacrificielles aboutissent à un orgasme païen et crépusculaire, suffisent à
ferrer les sens et rendre l'écoute de cet album indispensable. Il sera
passionnant de voir comment le groupe réussira - ou non - à façonner cet art
pour le moins singulier, sans se répéter et tourner à vide. Le potentiel est
là, ainsi qu'une beauté séculaire qui suinte de cet autel niché au milieu d'une
forêt ténébreuse... 3.5/5 (2016)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire