29 octobre 2016

KröniK | Woebegone Obscured - Deathstination (2007)


Il y a réédition et réédition. Il y a celles qui croulent sous les bonus et les gadgets au point de phagocyter la valeur du travail d’origine. Et puis il y a celles qui se contente d’offrir une seconde vie à un album, sans rien de plus, si ce n’est au mieux un nouveau visuel, que la musique originelle. Ni remastering ni suppléments. Cette seconde voie est un peu celle retenue par I, Voidhanger Records, sous-division du label ATMF, qui s’est donné pour mission de se pencher au-dessus du berceau de certains disques, généralement des autoproductions, afin de leur apporter une exposition qu’ils n’ont pas forcément eu à l’époque de leur sortie. C’est donc le cas de Deathstination, gravé par Woebegone Obscured en 2007. En cinq plaintes suffocantes qui baignent dans un halo brumeux et opaque, les Danois dessinent un Funeral Black Doom aux contours flous, excavations tellement étouffantes qu’elles paraissent provenir du fin fond même de la terre ou d‘avoir été capturées dans un caisson de résonance en orbite dans l’espace. Et si on ne saurait affirmer que la face du genre aurait été changée sans lui, reconnaissons que cet essai s’enfonce vraiment très loin dans des marécages tourmentés et extrêmement noirs, presque charbonneux, et qu’il eu été dommage de passer à côté, quand bien même à l’heure d’Internet et du téléchargement (illégal ou pas), il paraît de plus en plus difficile pour un groupe d’échapper à une diffusion de son art aussi minime soit-elle. Deathstination semble être recouvert d’une gangue de suie, d’une couche grisâtre empêchant de distinguer avec précision ses formes et son contenu. Prétendre que cette musique est austère relève de l’euphémisme. De la voix d’outre-tombe caverneuse et profonde aux guitares trempées dans la rouille ("A Gust Of Demention") qui ne filent jamais droit ("Coils Of Inane Comatose"), tout contribue ici à conférer à ces longues et autistes déambulations des allures franchement autarciques. C’est lent, effroyable, et on a tout d’abord la désagréable impression que rien ne s’y passe, bloc aride et pétrifié dans un substrat de cendres grises. Puis peu à peu, à force de multiplier les stations sur ce chemin de croix avalé par l’obscurité, des nuances se font jour (ou plutôt nuit). Là quelques voix claires ("Maestitia"), ici une (timide) accélération, ailleurs une poignée d’accords squelettiques ("Stalactites"). Bref, voilà une belle corde à passer autour du coup pour les longues nuits d’hiver. 3/5 (2011)


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