Avec sa pochette boisée où se dessine un
lac que nimbent les vapeurs d'une brume glaciale, "In The Halls Of
Awaiting" s'inscrit dans une longue tradition finlandaise, démarrée à
l'aube des années 90 avec Amorphis et Sentenced et poursuivie dans une veine
plus doomy, par Swallow The Sun, à compter de la décennie suivante. Pourtant,
s'il a vu la nuit du côté de Joenssu en 1997, Insomnium noue à ses débuts plus
de liens avec le voisin suédois qu'avec la plupart de ses compatriotes. Loin
d'être un précurseur, Insomnium s'apparente davantage au solide besogneux dont
il serait (alors) vain d'espérer un soupçon d'originalité. L'ombre des In
Flames et autre Dark Tranquillity, qui explosent alors sur la scène
internationale, accompagne donc son premier album qui recycle les ingrédients
qui ont fait le foudroyant succès de ces derniers. Une accroche nerveuse
quoique toujours mélodiques tissées par des guitares qui galopent et que
plongent dans une froide obscurité des lignes vocales caverneuses, définit une
partition extrêmement dynamique qui conjugue technicité instrumentale et
noirceur atmosphérique. De 'Dying Chant' à 'Song Of The Storm', de 'Journey
Unknown' à 'Black Waters', les témoins de cette filiation naturelle ne manquent
pas. Il serait pourtant malhonnête de réduire le groupe à un simple avatar de
ses aînés suédois car son art quoique encore
peu personnel, s'enfonce pourtant dans la géographie et la culture du
pays qui l'a vu naître. Discrète, cette identité se lit à travers les arpèges
d'un 'The Elder' plus posé ou les envolées folkloriques qui émaillent 'Ill- Stared-Son,
que recouvre l'ombre du Amorphis le plus aiguisé. La langueur qui paralyse le
tempo de la pièce éponyme longue de plus de dix minutes et bercée de glaciales
notes de piano, souligne également ces racines finlandaises qui font parfois
plus qu'affleurer à la surface. Entre le Amorphis originel en plus lisse
toutefois, et l'école de Göteborg, "In The Halls Of Awaiting" est un
galop d'essai solide, à défaut d'être novateur, drapé d'un charme certain,
celui de la première fois, bien que trop linéaire pour être l'écrin idéal de
mélodies pourtant finement ciselées. Mais la maîtrise est déjà là,
incontestable. La suite, en effet,
démontera que Insomnium mérite donc mieux que ce statut de suiveur appliqué.
"Since The Day It All Came Down" affirmera une signature plus
évolutive que confirmeront les opus suivants. 3/5 (2016)
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