Disparaissant avant même d'avoir pu accoucher d'un
premier album, nombre de groupes ne dépassent en réalité jamais le stade de la
démo séminale, conclusion parfois incompréhensible eu égard à la valeur de cette
dernière qui n'en devient alors que plus culte. Tel est le cas de Weird Light,
artisan hexagonal d'un doom séculaire dont la (trop) courte existence n'aura été
éclairée que par l'unique "Doomicvs Vobiscvm" en 2007 que Shadow
Kingdom a l'excellente idée de rééditer aujourd'hui. Sa (re)découverte posthume
laisse un goût amer dans la bouche tant l'impression tenace, d'avoir raté un
groupe extrêmement prometteur, est grande. Tout était là, le feeling
authentique, le son minéral, les compositions minées par une funèbre
inexorabilité ainsi que cette espèce de magie invisible, celle qui distingue le
bon grain de l'ivraie. De fait, cette hostie est une manière de leçon récitée
par des prêtres qui ont le doom pur et dur chevillé au corps, le seul, le vrai,
celui qui ne s'encombre d'aucun artifice. Bref, du doom tel qu'il devrait
toujours être, éternel et hiératique. Aux deux psaumes d'origine, cette
nouvelle édition a le bon goût d'enrichir le menu d'une doublette d'inédits
dont "A Star In The Dark" qui aurait dû apparaître sur un split
partagé avec Rising Dust et demeuré à l'état de projet. Cet ajout porte la
durée de la chose à plus de quarante minutes au jus. De quoi donner la trique
aux doomeux pour qui cette offrande orpheline a des allures de Graal doloriste
et aux autres que n'effraie pas une apathique et agonisante procession. Dans le
sillage d'un Reverend Bizarre grâce auquel le genre est (re)devenu à la mode,
Weird Light forge de longues plaintes minées par un désespoir pétrifié, actes de contrition douloureux et granitiques.
Malgré quelques parcimonieuses nappes de claviers surgissant soudain, comme au
beau milieu du gigantesque (à tous points de vue) 'Gogmagog (Under The Trumpets
Of Doom'), ces morceaux épousent la forme de lentes progressions bornées de
lignes de guitare sabbathiennes ('Conspiracy Of The Dead') vers une conclusion
que l'on devine (forcément) funeste. Solennel et sentencieux, le chant de M.
Blacklord entraîne le pèlerin dans les abîmes d'une crypte nichée dans les
replis d'une faute impardonnable. Monolithique oui mais jamais chiant, "Doomicvs
Vobiscvm" suinte une beauté engourdie qui le hisse très haut au-dessus des
prières habituelles. Dommage vraiment que Weird Light n'ait pas vécu plus que
quatre années car il comptait avec Rising Dust et The Bottle Doom Lazy Band parmi
les meilleurs groupes français de true doom. 4/5 (2016)
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