Après
sept ans d'abstinence discographique, Corrosive Elements accouche d'un premier
méfait que nous étions nombreux à ne plus vraiment attendre. De fait, les
Français ont soigné leur retour : nouveau line-up qui voit notamment le chant
féminin être remplacé par un organe masculin, celui de Brice Moreau, visuel particulièrement
réussi, oeuvre de Anne-Claire Planard et mastering confié au maître Dan Swanö,
indice qui ne trompe pas, tant sur la qualité technique en présence que sur une
écriture ad hoc. Le titre de cet album se révèle également tout aussi
révélateur d'un contenu à la fois féroce et accrocheur, acéré et mélodique.
Bref, c'est du pur death metal des familles, du brutal mais avec toujours une
bonne dose de groove qui donne furieusement envie de taper du pied
('Oppression'). Sur un substrat très lourd, le groupe tresse avec ses grosses
pattes velues un maillage extrêmement dense, tendu comme le foc d'un navire,
rarement véloce, sauf en début de parcours ('Brun The Preachers', 'Destructive
Cult'), carrément Rock'n' roll parfois ('Toxi Waste Blues') et le plus souvent
prisonnier d'un gangue de mazout. Si les musiciens impressionnent tout du long
('Warpath'), la virtuosité dont ils font preuve avec une généreuse largesse
n'étouffe ni la violence rampante ni l'imparable puissance de compositions
millimétrées, travaillées à la manière de pièces d'orfèvrerie. Si tous les
instruments trouvent l'espace pour s'exprimer, de cette batterie impétueuse à
cette basse toute en rondeur gourmande, sans oublier ces guitares aussi
épaisses qu'agressives bien que suintant une semence mélodique, ils fusionnent
en un ensemble d'une homogénéité carrée. Mention spécial au chant bien
testiculeux qui confère à celui-ci un côté presque death doom et remplace avec
une efficacité roublarde les vocalises de sa devancière Emilie pourtant déjà très
rocailleuses. Que dire d'autres à propos de Toxic Waste Blues, évocateur de monstruosités lovecratiennes si
ce n'est que l'on tient là un essai ravageur, bourré jusqu'à la gueule d'un
potentiel plus grand encore qui ne demande encore qu'à jaillir. Fort de ce
nouveau départ qui ne saurait susciter la moindre réserve, Corrosive Elements
devrait rapidement faire parler de lui, il le mérite en tout cas ! (2016)
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