3 mars 2016

Altarage | Nihl (2016)


Les plaies purulentes creusées dans notre peau par sa première et unique démo à peine cicatrisées, nous savions que Altarage ne tarderait pas à faire très mal, plus mal encore qu'avec les deux courtes agressions grâce auxquelles nous l'avons découvert il y a peu. Espagnol d'origine peut-être, le groupe semble n'avoir pourtant en réalité jamais croisé la moindre source de lumière ni de chaleur, même la plus pale ou la plus fugace. Mineurs raclant les chairs d'un édifice noir secoué par les coups de boutoir d'un Death apocalyptique, ces mystérieux musiciens au visage encapuchonné, participent de cette plongée toujours plus hallucinée dans les abîmes d'une folie survoltée que rien ne paraît vouloir stopper. Chercher à décrire par des mots "Nihl" revient à dépeindre un univers vicié, tendu comme une verge turgescente que gonflent des veines charriant une semence gangreneuse. En trente-six minutes d'une brutalité aussi âpre que tellurique, Altarage prend à la gorge tel un étau, perforant de son membre à la dimension bestiale un espace sonore complètement saturé.  D'une intensité mortifère, ces saillies qui ont quelque chose de sévères excavatrices, plantent le sombre décor d'une cavité infernale où règne, dans l'ombre, une indicible créature. Ni espoir ni respiration permettant de reprendre son souffle ne sont à espérer de cet implacable méfait mais au contraire une lacération de tous les sens discontinue et étouffante. Les Espagnols sont à l'unisson d'une violence souterraine qu'ils libèrent sous la forme d'un magma bouillonnant d'une haine obscure. Voix caverneuses, guitares accordées plus bas que terre et rythmique vicieuse d'une puissance sismique forment les arcs-boutants d'un édifice dont les racines sont enfouies dans un abîme terrifiant.  Et lorsqu'ils freinent la cadence, fossoyant alors un gouffre béant d'une profondeur sans fin, l'atmosphère se fait encore plus pesante et malsaine, témoin le terrifiant 'Cultus', pulsation terminale qui enfonce tout ce qui l'entoure dans une noirceur charbonneuse. Funeste. On sort de cette écoute lessivé, vidé même du moindre souffle de vie en n'étant pas toujours bien certain d'avoir tout compris à ce viol auditif en règle. D'un nihilisme absolu, cet album ne s'écoute même pas, il se ressent comme la décharge interrompue d'un stupre corrosif. Point final. (2016)


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