23 juin 2014

Krönik | Riti Occulti - Secta (2013)



Moins légendaire que ses cousins scandinave ou britannique, le Doom italien n'en demeure pas moins tout autant digne d'intérêt, valeur qu'il tire peut-être déjà de sa dimension généralement occulte et ténébreuse, comme nourri du cinéma gothique dont les metteurs en scène de la péninsule furent les maîtres durant les années 60. A sa manière, baroque et singulière, RITI OCCULTI s'inscrit dans cette tradition, ce qu'illustre très justement Secta, sa seconde offrande. Singulière, la musique de cette jeune entité l'est au moins pour deux raisons. La première, la plus évidente, réside dans la dualité de son chant féminin, tour à tour guttural et clair, assuré respectivement par la grandiose Serena Mastracco, par ailleurs guitariste dans une pléthore de hordes noires telle que VIDHARR par exemple, et Elisabetta Marchetti dont les lignes vocales opératiques procurent des frissons, comme sur le prologue "Nigredo", empreint d'une sombre religiosité. La seconde tient dans l'absence étonnante des guitares qu'on ne remarque tout d'abord pas car le Black Doom forgé par RITI OCCULTI déverse son quota de riffs, monolithiques et cryptiques. Mais c'est ici la basse qui joue ce rôle et non pas la six-cordes. Cette curiosité trouve sa source même dans la genèse du projet, formé à l'origine par le bassiste Niccolo Tricarico et le batteur Ivano Mandola. Ajoutons à ces caractéristiques l'omniprésence de synthétiseurs tapissant le sol de cette cathédrale obscure d'un duvet d'orgues brumeux ainsi que l'utilisation de parcimonieuses touches orientales et nous aurons fini de planter ce décor de rituel hanté. Liturgie d'un baroque sombre et occulte, Secta pourra sembler déroutant sinon étrange. Il est pourtant un opus tout du long fascinant, sans doute pas à la hauteur de sa prometteuse amorce mais palpitant toutefois d'une force souterraine venant des arcanes de la terre. Très vite, on se laisse séduire (si tant est que l'on puisse parler de séduction) par ce surprenant duo féminin, par ces percussions aux confins d'une transe hypnotique ("Plumbum", "Ferrum"), s'accouplant à ces lignes de basse sismiques et par ces ambiances sépulcrales. Au final, ces titres ressemblent davantage à ces cérémonies rituelles qu'à des chansons dont les structures paraissent lâches, noyées sous une brume maléfique. Aux confluents du Black, du Doom voire d'une certaine - et lointaine - manière du rock progressif transalpin façon ANTONIUS REX, RITI OCCULTI livre une seconde hostie au charme vénéneux. (cT14)


Occult Doom Metal | 51:17 | Epidemie Records | FB




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