Les
malheureux qui se laisseront (peut-être) abuser par l’accroche commerciale (?)
dont Aesthetic Death, label néanmoins précieux, n’a rien trouvé de mieux que de
l’affubler, le rapprochant de Nortt et de son Funeral Black Doom Metal brumeux,
en seront pour leur frais. Wreck Of The Hesperus ne noue (bien entendu) aucun
lien avec le one-man band danois comme avec aucun autre d’ailleurs. Wreck Of
The Hesperus ne ressemble qu’à lui-même, c’est-à-dire à rien… de connu. Forant
la roche irlandaise, origine géographique qui se lit à travers ses traits
tourmentés, dont il porte les stigmates meurtries, le groupe enfante un art
sévère, abrupte et tellurique que l’on serait tenté de rapprocher du Sludge
carbonifère, sans pour autant se satisfaire de cette définition par trop
réductrice. Wreck Of The Hesperus se veut tellement extrême qu’il est à même de
renvoyer dans le bac à sable de la maternelle bon nombre de faces de goules
croyant qu’il suffit de faire la gueule en brandissant une croix renversée pour
faire peur. Etouffante et pétrifiée, sa musique ne tend jamais aucune main à
l’auditeur qui rendra probablement les armes avant de parvenir au bout de Light
Rotting Out, qui vient – enfin ! – compléter une discographie débutée en 2004,
après plusieurs efforts (splits, EP) et un premier méfait en 2006 (The Sunken
Threshold) et dont la (pourtant) petite quarantaine de minutes parait en faire
le double. Le fait que la dernière des trois plaintes qui le compose, en
remplisse plus de la moitié, n’est sans doute pas étranger à cette impression
de supplice sans fin, d’une chair labourée à l’infini. Aucune lumière ne vient
jamais réchauffer cette effroyable macération charbonneuse qui réussit
l’exploit de plonger dans le noir tout ce qui l’entoure. L’air y est vicié et
seule la voix claire et solennelle du vicaire Albert Witchfinder (ex Reverend
Bizarre) surgissant lors des ultimes mesures de l’interminable Golgotha
"Holy Rheum", après que celui-ci ait fait plus que tutoyer une folie
prolifératrice par le biais d’une espèce de saxophone halluciné, apportera une
courte mais salutaire bouffée d’oxygène. C’est peu. Vouloir décrire Light
Rotting Out apparaît en définitive vain, sinon absurde, en cela qu’il n’est
qu’un magma monstrueux, organisme tentaculaire que les Irlandais nourrissent à
base d’une stratification de riffs apocalyptiques. L’album est-il bon ou pas ?
Impossible de répondre à cette question à priori simple tant Wreck Of The
Hesperus échappe aux critères habituellement retenus pour juger un disque. Par
conséquent, il devrait autant rebuter que séduire si tant qu’il soit possible
de parler de séduction à propos d’une œuvre vierge de la moindre trace de
beauté et d’un hermétisme absolu qui redonne tout son sens au mot "extrême". 3.5/5 (2011)
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