7 janvier 2012

KröniK | Year Of The Goat - Lucem Ferre (2011)


Simple petite chose d'une vingtaine de minutes peut-être, il n'en demeure pas moins que Lucem Ferre, vaut bien des albums longue durée car en l'espace de quatre titres, dont une reprise et une outro, ses auteurs dont l'identité n'est même pas mentionnée dans le classieux digipack qui lui sert d'écrin mais dont on sait que le chanteur n'est autre que Thomas Eriksson (Griftegard), esquisse déjà un univers séduisant dans son psychédélisme sombre et occulte. Bien qu'il s'inscrive clairement dans le sillage de tous ces heureux nostalgiques de la période charnière entre les années 60 et 70 d'une manière générale, et de The Devil's Blood en particulier, le chant féminin et la capacité à faire décoller les guitares très haut en moins, Year Of The Goat témoigne néanmoins d'une personnalité et d'un potentiel qui ne demandent qu'à s'extraire de leur gangue. Si parfois, vingt minutes, c'est peu pour déterminer la valeur (ou pas) d'un groupe, cette (trop) courte durée suffit pour affirmer que l'on tient là un futur grand du (hard) rock antédiluvien légèrement plombé par une couche de Doom. Quelle classe ! Quelle maîtrise ! On devine à l'écoute de ces quatre pistes que les Suédois ont du métier, ont roulé leur bosse. Sinon, comment expliquer cette éclatante réussite qui restaure toute la flamboyance généreuse d'une époque révolue sans pour autant paraître rance. Anachronique, oui, périmé, non. C'est là toute la magie de ces groupes dont les regards sont braqués dans le rétroviseur mais qui savent conserver une touche contemporaine grâce à une prise de son chaude qui retrouve la patine d'autrefois sans être rudimentaire. Convoquant occultisme bon teint, rock psyché, proto-doom et prog originel, Year Of The Goat n'invente donc rien mais, parvenant à capturer cette vibration passée, il fait mieux que simplement emporter l'adhésion. De fait, Lucem Ferre est de ces offrandes qui, une fois leur tour achevé, ne donnent d'une seule envie: les repasser en boucle des heures durant. "Of Darkness" ouvre la porte sur ces années 60 et 70 tellement fantasmées, avec sa ligne de guitare entêtante et sa mélodie qui ne vous quittera plus. Plus lent, "Vermillion Clouds" démarre avec une longue introduction aux relents cryptique avant de s'envoler aux sons d'un Mellotron hanté. Durant plus de huit minutes, les Suédois nous entraînent pour un voyage hallucinant encadré par une rythmique d'un autre âge mais jouissive et les superbes harmonies vocales de Thomas Eriksson. Après ce moment de bravoure, Year Of The Goat se réapproprie le "Dark Lord" deSam Gopal, entité obscure et oubliée qui abrita en son temps Lemmy, avant qu'il ne rejoigne Hawkwind puis Motörhead, reprise qui, à elle seule, en dit plus long sur le contenu de cette ostie que de longs discours et termine le trip avec l'instrumental éponyme, conclusion brumeuse d'un sans faute au vernis vintage distillant une atmosphère aussi inquiétante qu'envoûtante. Il va sans dire que nous attendons maintenant de pied (de bouc) ferme la suite des événements. 4/5 (2011)



                                   

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