Fort
d’un univers visuel bien insolite, à la fois westernien et surréaliste, on
devine d’entrée que The Grand Astoria ne peut pas être un groupe tout à fait
mauvais, ce qu’il n’est absolument pas, en effet. Son premier galop d’essai
éponyme, publié l’an passé, l’avait déjà prouvé ; son successeur le confirme
encore davantage.Débutant dans une veine plus ou moins orientée stoner rock qui
leur réussissait plutôt bien, les Russes partent pourtant cette fois-ci
braconner sur les terres, pas si éloignées que cela toutefois, du rock psyché.
S’ils n’ont pas mis en jachère leur penchant pour des riffs lourds, coulés dans
la roche chauffée par le soleil, ils ont revanche bâillonné leur chanteur. Par
conséquent, ce second cru arbore une plastique quasiment instrumentale, un seul
titre, "The Inner Galactic Experience", (forcément) le plus stoner et
bluesy du lot, se voyant piloté par des lignes vocales. Ce choix détermine la
teneur de compostions plus longues que leurs devancières, noyées dans des
effluves psychédéliques, certes classiques mais néanmoins délicieuses pour qui
cultive la nostalgie des regrettées seventies. Propulsés par des guitares
mangeuses d’espaces qu’elles percent d’ouvertures souvent majestueuses, ces
titres ont quelque chose de pistes de décollage dont on imagine sans peine le
potentiel sur scène. L’album s’envole petit à petit avec "Enjoy The
View" qui démarre d’une manière feutrée et presque aérienne avant que ses
traits ne se durcissent, ouvrant la porte à un final jouissif. Après le
curieux, de part des volutes orientales, "Visit Sri Lanka", The Grand
Astoria entame le chemin vers son point culminant qu’incarnent tout d‘abord
"Wikipedia Surfer", aiguillé par une six-cordes alimentée au feeling
des années 70, longue pièce au démarrage psyché dont le tempo s’emballe
soudainement lors des dernières mesures, puis avec "Radio Friendly
Fire", qui, de part sa construction, semble répondre au morceau
d’ouverture. On tient d’ailleurs dans cette architecture dont The Grand Astoria
ne s’éloigne jamais vraiment, le seul bémol de cette galette qui aurait mérité
davantage de diversité. Celle-ci n’en reste pas moins excellente et devrait
plaire aux amateurs du genre. Décidément, la scène russe, recèle des trésors
dont on n'aurait pas imaginé l’existence. Le rock ne connaît pas de
frontières... (2010)
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