Pestifer.
Avec un nom aussi malfaisant et une pochette à l’avenant, nous n’attendions pas
forcément grand chose de Age Of Disgrace, première campagne de ce modeste
bataillon belge pourtant là depuis près de six ans, mais dont les membres sont
(ou étaient) actifs dans un bon paquet d'autres groupes (Spectre, Innerfire,
Excavated...). Or, la (bonne) surprise est plutôt au rendez-vous quand bien
même il serait un peu exagéré d’affirmer qu’un futur ténor du matraquage en
règle est ici en gestation. Il s'agit donc de série B mais bien troussée,
efficace, puissante. Pestifer mouline un Death Metal à la recette éprouvée,
faite d’assauts rapides bien que toujours très mélodiques ("Mind
Control" par exemple) et riche d'une finesse que ses apparents attributs
ne suggèrent pas de prime abord. Techniques, les Belges travaillent un matériau
qui, s’il demeure des plus accessibles, ne se résume pas pour autant à une
énième resucée de l’école suédoise façon Göteborg. Le groupe lui accole une
sécheresse du trait qui ne doit rien à l’approche scandinave. Basé sur des
cartouches très courtes, intenses, irriguées par une basse volubile
("Tentacles Of Damnation"), Age Of Disgrace propose un maillage
extrêmement compact, d’une densité digne de celle du Japon. Ramassés, ces
titres sont remplis jusqu’à la gueule mais conservent cependant une certaine
cohérence et restent (heureusement) digestes. Au confluent du mélo Death et de
la frange ultra technique (Atheist, Cynic, Pestilence), Pestifer livre un
premier album solide auquel il manque peut-être un brin de folie. Mais le
groupe a des idées et des bonnes surtout, lesquelles sont matérialisées par une
science du riffing qui fait mouche (citons notamment "Sleepless
Beauty" et "Contagious", inoubliable celui-là) et une maîtrise
assurée du canevas. Et lorsque que le groupe se lance dans l’érection
d’ambiances lourdes par l’entremise du terminal "The Clue, The Light And
The Death", il dévoile une autre facette de sa personnalité dont on
aimerait qu’elle ne se limite pas seulement à une conclusion aussi belle
soit-elle. Dans tous les cas, voilà un artisan modeste, ce qui ne signifie
absolument pas qu’il ne soit pas carré et encore moins professionnel, bien au
contraire. Simple auto-production, espérons que Age Of Disgrace ouvre à
Pestifer les portes d’un label. On en connaît qui avec (bien) moins que cela
ont pu bénéficier de ce genre de promotion… (2010)
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