13 septembre 2010

October Falls | A Collapse Of Faith (2010)


Après plusieurs essais passés à façonner son art entre Black métal païen et déambulations plus acoustiques, on sentait bien qu’avec The Womb Of Primordial Nature, October Falls avait enfin atteint son but, soit l’équilibre majestueux entre les deux formes d’expressions qui le tiraillaient depuis ses débuts.De fait, A Collapse Of Faith reprend les bases fixées, sans doute durablement par son glorieux prédécesseur. Avec bonheur, on croise donc de nouveau ce métal noir dont les pauses sèches et forestières qui l’irriguent ne musellent pas le caractère abrasif et un peu austère aussi. Par ailleurs, familier désormais des longs développements, P. Lehto n’hésite pas cette fois-ci à s’aventurer sur le terrain de l’unique piste que divisent toutefois plusieurs tronçons. En trois segments, dont les deux premiers voisinent chacun avec les 20 minutes, le Finlandais dessine le tracé d’une musique dont l’accent a été mis sur la beauté pastorale, un peu la même que celle que magnifiaient Ulver avec son Kvelssanger (1996) ou Empyrium. La première partie de A Collapse Of Faith débute par le crépitement de la pluie très vite accompagné par des arpèges osseux avant que des aplats purement Black métal se répandent. Et déjà ces accords mélancoliques et entêtants, fil conducteur de tout l’album, font leur apparition, drainant une beauté presque contemplative. Le titre est le théâtre de multiples passages acoustiques qui sont comme autant de respirations diaphanes entre les coups de griffes plus sauvages qu’incarnent notamment des lignes vocales frottées avec du papier de verre tandis que les guitares saturées s’envolent parfois très haut. Le second pan respire la forêt éternelle et les sapins séculaires. Après une introduction à l’identique dans l’esprit, les riffs surgissent, guide gonflé d’une tristesse infinie et lancinante, entraînant l’auditeur au fond d’un sentier sinueux au milieu d’une nature vierge et indomptée dont aucun kyste humain ne vient parasiter la pureté. Le canevas est le même que celui de la piste d’ouverture, fait de traversées grésillantes bien qu’assez lentes et de bruissements boisés entre lesquels serpentent des lignes de guitares mélodiques et belles à vous tirer toutes les larmes du corps, à l’instar également de ces notes de piano qui font mourir cette deuxième partie sur une touche grave et dramatique. Ces couleurs désenchantées se poursuivent avec la dernière piste, plus ramassée et que pilotent des accords déchirants. Le résultat, il va sans dire, dépasse de la tête et des épaules tout ce que October Falls a enfanté depuis Tuoni. Plus que jamais, il demeure un projet singulier dans sa façon d’exalter la nature et de s’inscrire dans une longue tradition païenne dont il respecte les fondements tout en leur apportant sa propre et dépouillée touche. (2010)


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