Après
plusieurs essais passés à façonner son art entre Black métal païen et
déambulations plus acoustiques, on sentait bien qu’avec The Womb Of Primordial
Nature, October Falls avait enfin atteint son but, soit l’équilibre majestueux
entre les deux formes d’expressions qui le tiraillaient depuis ses débuts.De
fait, A Collapse Of Faith reprend les bases fixées, sans doute durablement par
son glorieux prédécesseur. Avec bonheur, on croise donc de nouveau ce métal
noir dont les pauses sèches et forestières qui l’irriguent ne musellent pas le
caractère abrasif et un peu austère aussi. Par ailleurs, familier désormais des
longs développements, P. Lehto n’hésite pas cette fois-ci à s’aventurer sur le
terrain de l’unique piste que divisent toutefois plusieurs tronçons. En trois
segments, dont les deux premiers voisinent chacun avec les 20 minutes, le
Finlandais dessine le tracé d’une musique dont l’accent a été mis sur la beauté
pastorale, un peu la même que celle que magnifiaient Ulver avec son Kvelssanger
(1996) ou Empyrium. La première partie de A Collapse Of Faith débute par le
crépitement de la pluie très vite accompagné par des arpèges osseux avant que
des aplats purement Black métal se répandent. Et déjà ces accords mélancoliques
et entêtants, fil conducteur de tout l’album, font leur apparition, drainant une
beauté presque contemplative. Le titre est le théâtre de multiples passages
acoustiques qui sont comme autant de respirations diaphanes entre les coups de
griffes plus sauvages qu’incarnent notamment des lignes vocales frottées avec
du papier de verre tandis que les guitares saturées s’envolent parfois très
haut. Le second pan respire la forêt éternelle et les sapins séculaires. Après
une introduction à l’identique dans l’esprit, les riffs surgissent, guide
gonflé d’une tristesse infinie et lancinante, entraînant l’auditeur au fond
d’un sentier sinueux au milieu d’une nature vierge et indomptée dont aucun
kyste humain ne vient parasiter la pureté. Le canevas est le même que celui de
la piste d’ouverture, fait de traversées grésillantes bien qu’assez lentes et
de bruissements boisés entre lesquels serpentent des lignes de guitares
mélodiques et belles à vous tirer toutes les larmes du corps, à l’instar
également de ces notes de piano qui font mourir cette deuxième partie sur une
touche grave et dramatique. Ces couleurs désenchantées se poursuivent avec la
dernière piste, plus ramassée et que pilotent des accords déchirants. Le
résultat, il va sans dire, dépasse de la tête et des épaules tout ce que
October Falls a enfanté depuis Tuoni. Plus que jamais, il demeure un projet
singulier dans sa façon d’exalter la nature et de s’inscrire dans une longue
tradition païenne dont il respecte les fondements tout en leur apportant sa
propre et dépouillée touche. (2010)
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