"How
Hate Is Hard To Define", premier crachat après le EP "The Vulture’s
Riot", des Français de Plebeian Grandstand, est une démonstration, celle
qu’il ne faut jamais rester sur une (mauvaise) impression initiale. Le
déflorage de cette éruption de rage laisse de fait une image de bouillie sonore
sans queue ni tête. Se farcir ces neuf titres en à peine plus de trente minutes
d’un hardcore énervé, relève de l’exploit pour qui aime les jolies mélodies.
Ceci étant dit, à force de multiplier les écoutes, celles-ci perdent peu à peu
leur allure de supplice. L’œuvre, tsunami fiévreux aux airs de révolte, de
manifeste, prend forme, dévoile alors ses entrailles et ce qu'elle a dans le
ventre. Et derrière cette brutalité organique et laide, qui confine presque à
la folie furieuse, finit par jaillir une beauté souterraine en même temps qu’un
désespoir poisseux. Etouffant et sévère peut-être, néanmoins le groupe sait
tout de même se pauser le temps d’un court instrumental, "Pie In The
Sky", d’un calme (faussement) salvateur. Trente minutes donc et pourtant
"How Hate Is Hard To Define" semble en durer le double tant ses
géniteurs maîtrisent l’art du maillage ultra dense. Ces morceaux de haine,
projetés contre un mur de sang par une batterie explosive et par un chanteur
qui dégueule ses boyaux à chaque parole prononcée (?) sont tendus, taillés à
vif dans une chair de laquelle suinte un sentiment d’inexorabilité profonde,
traits crépusculaires qui arriment Pleibeian Grandstand au doomcore suffocant.
Le monstrueux "Easy To Hate / Hard To Define" en témoigne notamment,
tout comme le titanesque "Don’t Expect Much From The World’s End",
que lacèrent de lourdes décélérations mortifères. Soyez-en sur, il en faut du
talent pour vomir un maelström de négation, de nihilisme, de cette trempe sans
pour autant perdre en cohésion. C’est le cas des Français qui insufflent une
violence hallucinante à un genre pourtant peu avare en sauvagerie, et se vident
avec "How Hate Is Hard To Define", d’un premier jet maîtrisé de bout
en bout dont on sort exsangue, sur les rotules, mais heureux, non pas qu’il
soit terminé mais de l’avoir découvert. Comme quoi, il faut toujours
insister... 3/5 (2010)
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