Il serait exagérer que d'affirmer que le
groupe allemand nous a manqué durant son split de seulement deux ans, dû à des
divergences entre ses deux leaders. Ceci dit, on accueille aujourd'hui sans
déplaisir son retour aux affaires, d'autant plus que c'est sous son line-up
"classique", comprendre avec Schwadorf (aka Markus Stock) à la batterie et aux
claviers, que Markus B. a décidé de ramener à la vie ce projet. Car pour ceux
qui l'ignorent peut-être, Autumnblaze
intègre le CV assez chargé de l'ancien Empyrium, quand bien même il n'en est
pas le maître des lieux, et avec lequel il a enregistré Bleak en 2000 et Mute Boy, Sad Girl, deux ans
plus tard, opus qui a conduit le groupe vers des sentiers moins doom/dark et
plus gothic rock, bien que toujours très mélancoliques. Sans totalement regardé
dans le rétroviseur, Perdition
Diaries affiche cependant des
couleurs bien plus sombres que son dernier prédécesseur, Worlds Are Not What They Seem (2004). Les lignes vocales agressives
ont été ressorties du placard où elles avaient été enfermées depuis un bon
moment ("Who Are You", pour ne citer qu'un seul exemple) tandis que
les guitares renouent avec une dureté bienvenue et presque black metal, comme
l'illustrent l'excellent "I Had To Burn This Fucking Kingdom",
propulsé par une rythmique implacable ou le lancinant "The Forge".
Cela faisait longtemps que les Allemands n'avaient pas sonné d'une manière
aussi âpre, au point que les amateurs qui ne les auraient découvert que
récemment, risquent de prendre peur. Bref, avec des titres écrits à l'encre
noire, plus que grise, tels le rageur "Haughtiness" ou le
katatoniesque "Brudermord", on est plus proche des premières années
que des dernières. Bien sûr, on y croise encore quelques vestiges du passé le
plus récent (le néanmoins très beau "Ways", que rehausse un piano
dramatique) mais ils restent très diffus et discrets. Sinon, Autumnblaze prouve
qu'il n'a pas perdu durant son court hiatus la recette de chansons parfaitement
ciselées, plutôt courtes, ramassées et que guide le chant profond de Markus B,
comme sur l'hypnotique et déchirant "Empty House", assurément l'une
des plus belles pièces de cet album. Le trio sait dessiner des atmosphères tragiques,
belles à en pleurer et faire surgir les émotions. Le désespéré
"Neugeburt", qui lorgne lui aussi vers Katanonia, influence (par
trop) évidente qui drape l'intégralité de l'album, avec ses riffs entêtants
comme vigie, constitue une bonne illustration de cette faculté à toucher les
sentiments. Avec ce Perdition
Diaries des plus inspirées,
Autumnblaze négocie avec brio un retour vers ses racines metal ; on ne peut que
s'en réjouir. (2009)
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