27 mai 2010

KröniK | Remembrance - Fall, Obsidian Night (2010)


S’il n’est pas encore officiellement mort, il n’en demeure pas moins que les chances de pouvoir s’abîmer de nouveau entre les bras de Shape Of Despair semble de plus en plus improbable. Du coup, on cherche, on renifle la trace de celui qui pourra lui succéder sur le trône du funeral doom que son absence rend depuis cinq ans rend vacant. Or, on l’a peut-être enfin trouver en la personne de Remembrance. Ce groupe français n’est certes pas né de la dernière pluie qui  balaye un cimetière en automne mais sa troisième offrande, Fall, Obsidian Night surpasse franchement ses pourtant déjà remarquables devancières et va encore plus loin que ces dernières dans la peinture brumeuse bien que romantique d’un désespoir le plus glacial.
Dès le douloureux « Angeless Fever », on comprend que le projet, tout d’abord simple duo (également dans In Somnis et Lethian Dreams), celui formé par le chanteur et guitariste Matthieu Sachs et la divine Carline van Roos, responsable des arrangements et de certaines parties vocales, désormais complété par un batteur à part entière, a atteint sa maturité artistique et toute l’emphase de son inspiration. Creusant la plaie ouverte par le Illusion’s Play des Finlandais, Fall, Obsidian Night tremble de la voix d’outre-tombe masculine, dont la noirceur insondable est parfois nuancée par la présence spectrale, véritable vigie guidant les navires dans ce brouillard de mélancolie, de la jeune femme dont on ne saluera jamais assez les qualités comme le démontre aussi son oeuvre en solitaire avec son jardin secret Aythis. Ces sept plaintes funéraires n’inventent sans doute rien (le néanmoins superbe «Ice Cold Conscience » qui évoque fortement le fantôme de Shape Of Despair) mais elles irradient une telle beauté souterraine que l’on ne peut être qu’envoûter par leur puissance dramatique. Oscillant entre quatre et neuf minutes, ces titres sont comme des sanctuaires abritant toute la détresse d’une vie naufragée. S’il n’hésite pas par moment à accélérer le tempo, comme il le fait le temps de « Stone Mirrors », Remembrance privilégie bien entendu les lancinantes dérives au milieu d’un village statufié par l’hiver et ses couleurs voilées. Tandis que les claviers dressent un tapis mortuaire, les guitares, acoustiques parfois (le frissonnant « Winter Tides »), sécrétatoires d’une désolation profonde le plus souvent, creusent le trou de notre tombe qu’accompagne une batterie dont les coups à intervalles réguliers résonnent comme le glas. C’est magnifique, à l’image du désespéré « Obsidian », que guide Carline et sa voix capable de recouvrir d’un linceul de glace une marre de soleil. Remembrance est le plus finlandais des groupes français dont le seul (et maigre) défaut est de ne pas plus s’éloigner d’un Lethian Dreams dont le dernier opus, Bleak Silver Streams vient lui aussi à peine de sortir dans une veine quasi similaire quoique que davantage atmosphérique.  Mais finalement, de quoi se plaint-on puisque l’on a une double ration de ce funeral doom quasi baudelairien... 3.5/5 (27/05/2010)






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