18 mai 2010

MAKAJODAMA - Makajodama (2009)

The Lasers Edge - 8.5/10 - MySpace

Le rock progressif, c’est quoi ? Des matheux sortis de l’école de musique et alignant les plans comme la rue Saint Denis les femmes de petite vertue ? Ou bien est-ce plutôt des musiciens épris de liberté artistique cherchant à repousser des limites ?

Makajodama a clairement choisi son camp : le second. Et ils ont raison, ces Suédois. Leur premier opus s’impose d’entrée comme une pistes de décollage foisonnante qui convoque - un peu trop peut-être toutefois - le spectre du grand King Crimson, aussi bien pour ces lignes de violon parfois à la limite de la rupture, celles de Karin Larsdotter, qui nous font penser à celles de David Cross sur Larks Tongue In Aspic, mais aussi pour cette espèce de folie bizarre qui finit par contaminer l’ensemble (le « The Ayuryedic Soap » qui semble tout droit sorti du cerveau tourmenté de Robert Fripp). De même, Yes n’est parfois pas loin (« Buddha And The Camel »).

Mais ce n’est pas tout, le groupe cite aussi bien des références jazzy (la basse lors des premières mesures de « Reador Felgen Blues ») ou le pots rock de Godspeed You Black Emperor. Le canevas entièrement instrumnetal ainsi qu’une certaine mélancolie vaporeuse participent d’ailleurs de ce dernier arrimage. Bref, Makajodama mélange les genres avec panache, brio et une insolente réussite.

Cet album est un enchantement de tous les instants. Préférant généralement les longs développements, le groupe peut aussi écrire une perle folk de deux minutes (« Wolof ») ou un court morceau jazz façon San Francisco qui n’avance jamais droit, souligné par un saxo seventies (« Vallingby Revisited »). Surtout, les Suédois ne ressentent jamais le besoin d’en mettre plein la vue avec une virtuosité qui serait aussi stérile que gratuite.

Dignes héritiers du Roi Cramoisi, ils n’oublient pas d’ouvrir les vannes d’une émotion bouleversante. On pense notamment au désenchanté « The Train Of Thought » », superbe pièce aux multiples couches et sans doute l’un des Everest du disque. Chaque titre témoigne d’un véritable travail d’orfèvre entre liberté d’écriture et cohésion dans la progression d’une architecture, à l’image du grandiose «  The Girls At The Marches », long voyage riche en couleurs mais toujours maintenu par une main ferme. La musique classique contemporaine aussi les inspire, comme l’illustre le baroque « Autumn Suite ».

Certainement un des meilleurs albums de rock progressif publiés ces dernières années. Tout simplement. A découvrir d’urgence ! (cT2010)


TRACKLISTING
  1. Reodor Felgen Blues 10:15
  2. Buddha and the Camel 09:25
  3. Wolof 02:31
  4. The Train of Thought 06:58
  5. The Ayuryedic Soap 07:42
  6. Vällingby Revisited 03:00
  7. The Girls at the Marches 08:16
  8. Autumn Suite 08:29
TOTAL RUNNING TIME 56:51

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