Jusqu’où iront-ils ? Oui, jusqu’où iront
les deux membres de Wold qui érige la cacophonie en art ? Stratification,
à l’instar de ses prédécesseurs avait quelque chose d’un magma bruitiste
indescriptible. Avec Working Together For Our Privacy,
Wold opte pour une forme d’expression qui privilégie les longs développements,
comme le démontre son architecture (trois pistes pour un peu plus d’une
trentaine de minutes) aux courtes décharges électriques stridentes et
noise. Cet album est comme un corps de femme que des viols multiples
auraient rendu laide et haineuse. Du bruit, de la tôle que l’on concasse, un
maelström pollué et déchiré tel est le programme coutumier de ces deux
Canadiens fou et qu’ils poussent ici dans une dimension encore plus
hallucinante et hallucinée. Noyé sous des strates saturés, « The
Secret » s’abîme plus de dix minutes durant dans une bouillie inaudible
où instruments (?) et machines copulent fiévreusement pour donner
naissance à un monstre dont on se dit pourtant qu’il exsude une beauté souillée
tapie dans les recoins des plis qui lui servent de figure. Chaotique et sans la
moindre parcelle de lumière et de vie. « Death Spiral » tète les
mêmes seins flétris. Kaléidoscope où s’entrechoquent coups de boutoir black
metal et images torturées issues du vagin sale de la musique noise. On y
comprend pas grand-chose, et peut-être n’y-a-t-il rien à comprendre, mais il
n’en demeure pas moins que Wold sait faire surgir de ces couches absurdes des
sédiments qui confinent à une forme de rituel hypnotique. Cela se vérifie
encore davantage avec le terminal « Lovey Dovey », interminable
pénétration qui semble aller nulle part. Parvenir au bout de cette symphonie
bruitiste et apocalyptique dont on a l’impression qu’elle épouse une structure
entièrement instrumental tant le chant (?) est phagocyté par le grouillement
ambient qui prolifère telle une lèpre, tient de la mission impossible, de
l’exercice masochiste. Et pourtant, le magnétisme morbide que possède Working
Together For Our Privacy ne
fait aucun doute et de l’horreur organique peut naître quelque de chose de
beau… A condition d’être ouvert d’esprit bien entendu… 3/5 (2010)
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