Il y a deux manières d’aborder cette nouvelle offrande de Negura Bunget. Soit, on estime, à raison, que proposer une simple relecture, aussi réussie soit-elle, d’un vieil album, Măiastru Sfetnic en l’occurrence, est contestable. Soit on voit dans Maiestrit une forme de testament (ce qu’il n’était pas absolument pas au départ) de la part de Hupogrammos (chant) et Sol Faur (guitare), partis depuis former un nouveau projet dont on attend beaucoup, Dordeduh. Les deux options sont valables. Fin d’un chapitre en même que dernière pierre à l’entreprise de ravalement du b(l)ack catalogue de Negura Bunget entamée il y a deux ans par le label Prophecy via sa sous-division Lupus Lounge, Maiestrit réunit donc les six titres de l’album dont il est une modernisation, ainsi que des versions acoustiques de deux d’entre eux, intéressantes (surtout celle de "A vint in abis") mais certainement pas indispensables et dont on se dit qu‘elles ont été intégrées pour attirer le chaland. Le son a gagné en puissance et en profondeur et il est évident que ces compositions ressortent grandies de cette cure de jeunesse. Il suffit d’écouter la première d’entre elle, "Vremea locului sortit" pour apprécier le résultat.
Un titre comme "Al Locului" se pare même d’une ampleur cinématographique démentielle. On y retrouve la dimension quasi mythologique de Om, cette façon d’emplir l’espace et de faire sonner les instruments. Déjà superbes à la base, ces pièces noires sont totalement redécouvertes par le travail des musiciens qui les propulsent vers des sphères plus mystiques que jamais. C’est particulièrement vrai pour le monumental "Bruiestru". Ces six morceaux sont comme déflorés pour en extraire l’essence shamanique. L’album entier est imbibé par la présence des deux piliers (malheureusement) démissionnaires. De fait, on ne peut que douter de l’avenir du collectif dorénavant privé d’une bonne part de son âme. Quid en effet de Vîrstele Pămîntului, premier opus d’un Negura Bunget rénové, qui, à l’heure où ces lignes sont écrites, est censé être dans les bacs ? L’avenir nous dira qui sortira vainqueur de cette séparation. Dordeduh, probablement… N'étant pas un véritable nouvel album, Maeistrit ne mérite pas une note dithyrambique. Vu sa qualité, une note moyenne non plus cependant. (2010) ⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire