Est-ce dû à la situation à la fois médiane et isolée de leur terre, mais les groupes suisses ne sont pas tout à fait comme les autres. Ils font montre d’une singularité qui les distinguent de leurs voisins aussi bien allemands que Français. Celtic Frost, Samael ou Coroner en témoignent. Bien que musicalement il ne noue aucun liens avec ces derniers, Kruger, dont l'on est tout surpris de retrouver les membres fagotés en gentlemen anglais sur les photos promos, partage cependant avec eux, outre un son sévère, cette volonté identique de repousser les barrières, bref d’être indéfinissable.
Officiellement, le collectif usine un sludge doom apocalyptique. Très bien ! Les neuf grumeaux métalliques qui remplissent For Death, Glory And The Of The World alignent en effet pas mal d’invariants propres à cet enfant bâtard né de la copulation fiévreuse entre doom et hardcore : chant gueulard énervé, rythmique de bûcheron et une forme de désespoir poisseux qui s’exprime davantage par la tension qui courent le long des riffs coulés dans le mazout plutôt que par une lenteur agonisante.
Mais Kruger a le chic pour perturber des schémas attendus, pour polluer un paysage urbain fissuré de toute part, par l'entremise de détails ou d'influences extérieures aux confins du death, du heavy ou de l’ambient. Dès "The Ox", on est littéralement scotché à la tapisserie. Le décor est suffocant, une chape de plomb s’écrase sur nous malgré la beauté désespérée qui suinte de ces guitares telluriques. Ultra pesant, le final est magnifique. Pas le temps de souffler avec"Return Of The Huns", qui démarre sur les chapeaux de roues, propulsé par un mur rythmique énorme et groovy avant d’entamer une décélération morbide. Après un début assez atmosphérique, "Anthem Of The Pretented Glory" s’enfonce dans une mine de mélancolie tandis que ses dernières mesures tricotent une inexorabilité minérale. Fuyant les lignes trop droites, tous les titres suivent au contraire une trajectoire riche en cassures et en pauses, comme l’illustre la partie centrale du superbe "Villains".
Scindé en deux par le court instrumental "Centre" (ça ne s’invente pas), For Death, Glory And The End Of The World semble à partir du lourd et terrassant "Our Cemetery Is Full Of Strangers" s’abîmer dans une noirceur encore plus charbonneuse. Définitif, "Muscle" est un puits sans fin de négativité haineuse, tandis que "Dukes Of Nothing" ouvre en son milieu un espace suspendu au-dessus d’un gouffre de désespoir. Reno, le chanteur, dégueule son mal-être comme si demain ne devait plus exister. Enfin, "Turpitudes" a quelque chose d’une course en avant vers la mort, en dépit de la toile pleine de beauté que tissent les six cordes.
Quatrième étape de sa carrière et quatrième décharge d'adrénaline visqueuse, Kruger accouche d'une oeuvre qui laisse de profonds stigmates taillés à vif dans la mémoire, car on ne peut que ressentir dans sa chair la noirceur terminale qui s’en dégage. Une réussite incontestable de la part d’un groupe libre et singulier qui continue de tracer son propre chemin (de croix).
Officiellement, le collectif usine un sludge doom apocalyptique. Très bien ! Les neuf grumeaux métalliques qui remplissent For Death, Glory And The Of The World alignent en effet pas mal d’invariants propres à cet enfant bâtard né de la copulation fiévreuse entre doom et hardcore : chant gueulard énervé, rythmique de bûcheron et une forme de désespoir poisseux qui s’exprime davantage par la tension qui courent le long des riffs coulés dans le mazout plutôt que par une lenteur agonisante.
Mais Kruger a le chic pour perturber des schémas attendus, pour polluer un paysage urbain fissuré de toute part, par l'entremise de détails ou d'influences extérieures aux confins du death, du heavy ou de l’ambient. Dès "The Ox", on est littéralement scotché à la tapisserie. Le décor est suffocant, une chape de plomb s’écrase sur nous malgré la beauté désespérée qui suinte de ces guitares telluriques. Ultra pesant, le final est magnifique. Pas le temps de souffler avec"Return Of The Huns", qui démarre sur les chapeaux de roues, propulsé par un mur rythmique énorme et groovy avant d’entamer une décélération morbide. Après un début assez atmosphérique, "Anthem Of The Pretented Glory" s’enfonce dans une mine de mélancolie tandis que ses dernières mesures tricotent une inexorabilité minérale. Fuyant les lignes trop droites, tous les titres suivent au contraire une trajectoire riche en cassures et en pauses, comme l’illustre la partie centrale du superbe "Villains".
Scindé en deux par le court instrumental "Centre" (ça ne s’invente pas), For Death, Glory And The End Of The World semble à partir du lourd et terrassant "Our Cemetery Is Full Of Strangers" s’abîmer dans une noirceur encore plus charbonneuse. Définitif, "Muscle" est un puits sans fin de négativité haineuse, tandis que "Dukes Of Nothing" ouvre en son milieu un espace suspendu au-dessus d’un gouffre de désespoir. Reno, le chanteur, dégueule son mal-être comme si demain ne devait plus exister. Enfin, "Turpitudes" a quelque chose d’une course en avant vers la mort, en dépit de la toile pleine de beauté que tissent les six cordes.
Quatrième étape de sa carrière et quatrième décharge d'adrénaline visqueuse, Kruger accouche d'une oeuvre qui laisse de profonds stigmates taillés à vif dans la mémoire, car on ne peut que ressentir dans sa chair la noirceur terminale qui s’en dégage. Une réussite incontestable de la part d’un groupe libre et singulier qui continue de tracer son propre chemin (de croix).
TRACKLISTING
- The Ox 05:38
- Return Of The Huns 05:18
- Anthem Of Pretented Glory 05:00
- Villains 05:23
- Centre 01:15
- Our Cemetery Is Full Of Strangers 06:17
- Muscle 04:34
- Dukes Of Nothing 05:47
- Turpitudes 07:22
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