4 juin 2023

KröniK | Yngwie Malmsteen - Attack !! (2002)




Alors que depuis son album de reprises, Inspiration en 1996, le fougueux guitariste semblait avoir retrouvé un niveau d’inspiration digne de celui qui l’animait au début de sa carrière il y a presque vingt ans déjà, alignant coup sur coup trois opus de haute volée (Facing The Animal, son Concerto Suite For Electric Guitar et surtout Alchemy), l’inégal War To End All Wars rappela cependant à notre mauvais souvenir les penchants pour la facilité dont le Suédois pouvait être capable. Armé d’un nouveau et solide line-up, où l’on retrouve avec plaisir le chanteur Doogie White, qui incarna le retour malheureusement éphémère du Rainbow de Ritchie Blackmore (quel hasard quand on sait le culte que le musicien porte pour le dieu anglais) avec le sous-estimé et pourtant excellent Stranger In Us All, ainsi que l’ex-Dream Theater, Derek Sherinian aux claviers, étonnement discret, Yngwie rectifie le tir avec ce Attack ! ! dont la laideur de la pochette ne doit en aucun cas vous rebuter. Dès le speed « Razor Eater », on est d’entrée rassuré sur deux points cruciaux : la production, maigrichonne façon « j’ai enregistré tout seul à la maison avec mon matos » qui plomba grandement la précédente galette, fait désormais partie du passé, tandis que notre homme s’est, cette fois-ci, déchiré en terme de composition. S’il se montre toujours aussi volubile avec sa Stratocaster entre les mimines – mais cessera-t-il de l’être un jour ? -, Malmsteen a pris soin de soigner les mélodies et les harmonies vocales, sans doute aidé par l’organe de son chanteur (l’école Blackmore, ça forme !). 

C’est cette capacité à pondre de vraies chansons où le guitariste n’est pas le seul à tirer la couverture à lui, qui rend Attack ! ! si efficace. Alors comme de bien entendu, l’ensemble demeure du pur Yngwie avec ses branlettes de manche à profusion, ses éruptions de notes (« Baroque & Roll ») et cette inspiration qui n’a pas dévié d’un iota depuis le matriciel Odyssey en 1988, album auquel on pense fortement à l’écoute de ces brûlots enchaînés à toute vitesse, mais ce treizième opus, bien que trop long, s’impose comme un des meilleurs qu’il nous ai jamais offerts. Il suffit de s’enfourner dans les cages à miel les redoutables « Rise Up », « Valley Of Kings », « Ship Of Fools » ou « Vahalla », certainement le plus beau du lot, pour s’en convaincre. Et puis, quel jeu ! Quelle maîtrise ! Le Suédois n’a rien perdu de son talent et ses soli sont purement jouissifs. Malgré deux ou trois erreurs de parcours, dont un blues certainement pas indispensable pollué par le chant du maestro lui-même ou un « Touch The Sky » et ses lignes de claviers ringardes que le carbone 14 pourrait dater du milieu des années 80, voilà un disque que tous les aficionados du gratteux (et il y en a encore !) se doivent de posséder d’urgence, ne serait-ce que pour faire taire les mauvaises langues arguant que celui-ci est bon pour la retraite, quand bien même il est vrai qu’il ne se renouvelle pas. (07.10.2007) ⍖⍖⍖

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