10 juin 2023

KröniK | Malnàtt - La Voce Dei Morti (2008)




Comme quoi, il ne faut jamais juger un contenu par rapport à son contenant. Prenez par exemple, La Voce Dei Morti, troisième livraison des pizzaiolos de Malnatt, dont le visuel orné d’une gueule de gargouille baveuse tout droit tranchée à un film de série Z transalpin n’est pas des plus avenants, et bien, cet opus vaut bien mieux que ce que sa pochette suggère de prime abord. Chantre d’un black metal parodique, ce que les titres de ses vomis précédents illustrent bien (NSBM pour Necro Swine Black Metal au lieu de National Socialism BM, Carmina Pagana, Happy Days), Malnatt revient donc avec une cuvée plutôt gouleyante qui lorgne beaucoup sur le Satyricon dernière période, à l’image de l’accrocheur morceau d’ouverture, « Fantasimi », que rehaussent en son final quelques bribes de voix féminines intégrées avec discrétion (comme sur « E Come Potevamo Noi Cantare » également). Ca donne envie de taper du pied, quoi. S’il s’inscrit dans une certaine tradition de l’art Noir italien, avec ce sens des atmosphères, ces claviers mangeurs d’espace, le groupe n’en développe pas moins une certaine singularité qui est à rechercher dans l’utilisation de sa langue nationale, ce qui lui confère une bonne partie de son charme, ainsi que dans ce mélange des senteurs qui caractérise sa tambouille. 

La Voce Dei Morti est une marmite dans laquelle boue black rapide (« Chi Sono ? » qui envoie le petit bois), ambiances lugubres (le bien nommé « Penombre »), riffs grésillants presque True Black et touches symphoniques voire gothic. On note même le recours (parcimonieux) à une espèce de trompette ( !) sur « Piangi Tu Che Hai… », dont la seconde partie instrumentale est par ailleurs absolument sublime. C’est dire. Malnatt n’a sans doute pas inventé le fil à couper les têtes, mais ses compos passent comme une lettre à la Poste (est-ce bien un gage de qualité ?) car il s’y entend tout du long pour pondre des mélodies qui accrochent, font mouche. Le lancinant « Sono Una Creatura », qui vibre de lignes  de guitares venimeuses, obsédantes témoigne notamment de cette capacité. Tous les titres sont détenteurs de ce petit quelque chose qui fait qu’ils laissent une trace sanglante dans les mémoires après leur passage. De la bonne série B sans prétention, comme les Italiens savent le faire. Une excellente surprise en définitive. (13/08/08) ⍖⍖

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