11 novembre 2022

KröniK | Kypck - Ч​е​р​н​о (2008)




Vous aimiez bien feu Sentenced mais vous regrettiez que son gothic metal restait trop mou de la bite ? Alors, Kypck est pour vous car il y a beaucoup de Sentenced dedans – normal me direz-vous, avec Sami Lopakka à la guitare, un ancien membre du groupe finlandais (ainsi que le gratteux Sami Kukkohovi pour le live uniquement) – mais un Sentenced dix fois plus massif, qui a réussi son brevet de spéléologue, qui part à la mine quand autrefois il se contentait d’aller errer dans les cimetières. Forcément, les guitares érigent un pont entre les deux formations, ce qui est pour le moins flagrant sur le titanesque « Demon », certainement l’Everest de ce premier jet. Mais les harmonies vocales de Erkki Seppänen ne sont pas non plus sans évoquer celles qu’affectionne Ville Laihiala (« Christmas In Murmansk »). Cependant, réduire Kypck à un simple rejeton de Sentenced, est injuste car ce nouveau projet mérite bien mieux que ce raccourci. Un concept fort lui sert de contrefort : la Russie. Ce thème est alimenté par des paroles en Russe et par des textes axés sur l’histoire de ce pays (« Stalingrad », « 1917 ») tandis que le nom du groupe – la ville de Mourmansk se nomme Kypck en cyrillique – participe aussi de ce fil rouge étonnant. 

Plombé par un son écrasant, Cherno ronge les câbles d’un gothic (un peu) doom (surtout) lourd, imposant, à la manière de ces architectures communistes. Après l’intro « Depth Finder », on se retrouve tout de suite terrassé par la puissance de feu que le groupe parvient à produire avec ses guitares accordés plus bas que terre et sa rythmique digne d’un blindé. Les superbes « Traitor », « 1917 » ou « One Day In The Life Of Yegor Kuznetsov » ont quelque chose de blockhaus imprenables. Froid et gris, Cherno est construit autour de titres longs, d’une lenteur douloureuse, bien que toujours extrêmement mélodiques et accrocheurs, à l’image de cet énorme « Black Hole » dont vous ne sortirez pas indemne et surtout du déjà cité « Demon », qui achève l’écoute en attirant l’auditeur dans des abysses insondables. Fort cet album maîtrisé de bout en bout, Kypck est parvenu à transcrire en musique le concept qui le guide. Dans un genre un peu différent certes, il  fait même mieux que Sentenced, remarque qui, j’en suis sûr, ne sera pas au goût de tous, surtout des anciens fans de la dernière heure du groupe qui jugeront Cherno bien trop pachydermique et pas suffisamment dépressif, quand bien même aucune lumière ne vient pourtant jamais le réchauffer. Au contraire, il est un édifice, une forteresse abritant une tristesse sourde qui fait plus qu’affleurer. Un futur grand…  (22/10/08) ⍖⍖⍖


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire