Alors qu'Alissa White-Gluz l'a quitté depuis sept ans, The Agonist demeure encore pour beaucoup l'ancien groupe de la chanteuse de Arch Enemy. Curieusement les Canadiens n'ont pas réellement tiré profit du succès rencontré par leur ancienne frontwoman qui aurait pu (dû ?) leur offrir une exposition accrue. Au contraire, le quintet végète encore trop dans l'ornière de la seconde division alors que les trois albums qu'il a gravés depuis le départ d'Alissa n'ont pas à rougir de la comparaison avec ceux enregistrés avec cette dernière, solide tranche de metalcore fardé de voix féminines patibulaires. Au surplus, Vicky Psarakis a, sinon réussi à faire oublier sa devancière, au moins à la remplacer parfaitement, chanteuse tout aussi redoutable, autant à l'aise dans les growls saignants que dans un registre puissamment limpide. Après un Orphans (2019) pourtant de belle tenue mais dont l'impact commercial a été rogné par la crise sanitaire, The Agonist est de retour non pas avec un septième opus mais un EP. Ce format mal aimé et souvent bouche-trou ne dicte pourtant pas au groupe un produit au rabais. Développant un concept lié à la souffrance et à la rédemption, Days Before The World Wept tient davantage du mini-album que d'une simple brochette de chansons éparses additionnées les unes aux autres sans d'autre but que de remplir une vingtaine de minutes de (bon) gros son qui tache.
Ce thème impose une sombre coloration à un menu trapu mais auquel, par l'ambivalence de ses lignes vocales tour à tour bestiales ou plus fragiles et alors teintées d'une tendre mélancolie, Vicky injecte un dynamisme furieux en même temps qu'un espoir salvateur, témoin le terminal 'Days Before The World Wept', alliage séduisant de death et de gothic metal. Par ailleurs, ces cinq titres, qui ne sont pas tous inédits puisque 'Resurrection' figurait déjà sur "Five" mais a été remodelé pour l'occasion, démontrent si besoin en était encore la belle maîtrise à laquelle est parvenu le groupe, aussi bien en terme d'arrangements ('Remnants In Time' et son intro au piano) que d'accroches mélodiques ('Feast On The Living') ou d'architecture creusée dans une roche pleine d'altérités ('Immaculate Deception'). Certes petite ration de moins de vingt-cinq minutes, Days Before The World Wept nous rappelle que The Agonist reste une formation aussi efficace qu'inventive dans le créneau d'un metalcore sombre et raffiné. Comme il mérite mieux que son succès en demi-teinte, nous ne saurions donc trop vous conseiller de le découvrir. Cette obole en fournit le délicieux prétexte... (26.10.2021 | MW) ⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire