15 mars 2022

CinéZone | Robert D. Webb - Le shérif (1956)




Le shérif, c'est déjà une lancinante mélodie signée Lionel Newman, une des plus fameuses du genre avec celle du Train sifflera trois fois, même si, parfois envahissante, elle est utilisée jusqu'à l'indigestion. C'est ensuite une petite ville qui grouille de vie comme rarement le western a su en illustrer. La photo riche en contrastes de Lucien Ballard est loin d'être étrangère à la manière dont ce cadre urbain est magnifiquement rendu. Le travail sur la lumière est notamment remarquable tant on sent le soleil qui éclaire les maisons, les intérieurs, étirant les ombres au fur et à mesure que la journée file. 

The Proud Ones, c'est encore ce récit, classique certes, où un shérif doit faire régner l'ordre tant bien que mal au sein d'une communauté dont la vie paisible est chahutée par l'arrivée de l'argent et menacée par des hors-la-loi. Les analogies avec Rio Bravo sont frappantes (cet homme de loi qui arpente la ville, secondé notamment avec un vieillard grognon encore incarné par Walter Brennan) sauf que le film de Howard Hawks a été réalisé trois ans plus tard ! Dans tous les cas, le western du méconnu Robert Webb (Tempête sous la mer), n'a pas à rougir de la comparaison. Il ne serait d'ailleurs pas surprenant d'apprendre que le regretté Bertrand Tavernier l'ait  préféré à son glorieux successeur dont il n'a jamais caché détester son portrait ricanant et huileux des Mexicains. C'est enfin Robert Ryan qui prête sa force tendue empreinte d'un mélange de folie et de désespoir, à ce personnage que beaucoup prennent à tort pour un lâche. 

Sous les traits d'une série B, Le shérif brasse de nombreux thèmes : une ville en plein expansion et en proie au capitalisme naissant, la rédemption, la relation père/fils, la justice...A fin, Jeffrey Hunter (étonnamment supportable) abat dans le dos Robert Middleton (impeccable méchant), comme autrefois Robert Ryan a dû tuer son père, comprenant alors que la réputation de lâche que traine ce dernier est infondée. Un western aussi simple que noble dont on regrette juste que la flamboyante Virginia Mayo n'ait pas autre chose à faire que de jouer les utilités... (vu le 09.06.2021) ⍖⍖⍖




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