Depuis 2017, Julien Helwin, ancien batteur d'Otargos, mène Iron Flesh, "son" groupe qui lui permet de régurgiter un death metal de haut calibre, à la fois old school et mélodique, catchy et sinistre. Deux EPs et un premier jet longue durée lui ont ouvert la voie d'une reconnaissance grandissante, confirmée par "Summoning The Putrid", deuxième album encore plus jouissif. Le voilà qui répond aux questions de la Horde Noire...
1) Julien, tu as longtemps officié en tant que batteur dans un certain nombre de groupes de black metal, tels que Otargos, Seth (en live), Annthennath ou Malevolentia. En avais-tu assez de ce style ?
J’ ai toujours été guitariste avant tout, mais il est vrai que ces dernières années j’ ai été victime de mon succès en tant que batteur . C’ est une période que je ne regrette absolument pas . Jouer dans tout ces groupes a été une excellente expérience pour moi . Je n’ en avais pas assez de jouer dans ces groupes mais aprés ma session avec Mithras j’ ai eu ce besoin depuis trop longtemps refoulé de composer mes morceaux et de jouer ma musique en live . Un choix qui n’ a pas été évident à faire car je suis repartis de zéro mais c’est la meilleure décision que j’ ai prise depuis longtemps et je suis très content de la tournure que les évènements prennent concernant Iron Flesh.
2) Peux-t-on dire que Iron Flesh est ton premier véritable groupe dans le sens où tu es le maître à bord ?
J’ ai déjà eu un one man band avec DISKARIAL dans lequel je faisais aussi guitare/chant en live . Mais le style manquait de personnalité et la technicité des morceaux était clairement un frein au plaisir de les jouer en live . Iron Flesh est le premier véritable groupe dans lequel je suis satisfait de jouer en live, de m’ occuper du booking et de composer . Chaque activité demande de l’ énergie mais en laisse suffisamment pour pouvoir ne pas se focaliser que sur une seule tache .
3) Iron Flesh a démarré comme un projet solo. Tu as depuis réuni trois autres gaillards à tes côtés. Iron Flesh est-il toujours ton "jouet" ?
On m’ avait conseillé de trouver un line up pour jouer les morceaux en live. Avoir recruté Sylver? Guilhem et Seb a été une excellente chose pour le groupe. IF est toujours mon jouet sur beaucoup d’ aspects et le restera en revanche ce sont avant tout des amis et pas de simple mercenaires, ainsi que d’ excellents conseillers pour certaines questions parfois épineuses . Je suis ravis d’ être aussi bien entouré, je me donne à fond pour eux pour leur proposer les meilleures conditions possible au sein du projet et ils me le rendent bien ! C’est une collaboration qui fonctionne à merveille .
4) Batteur comme nous l'avons rappelé, tu composes tout dans Iron Flesh et assure la guitare et le chant. Ce changement a-t-il été difficile ? Avais-tu confiance dans tes capacités dans ces domaines ?
Je l’ avais déjà fait avec DISKARIAL sur quelques lives mais le changement a bien été difficile, on ne s’ improvise pas Leader en quelques mois. Il y a un aspect plus théâtrale dans la prestation auquel je n’ étais pas habitué. Il faut vraiment se donner à 110% pour transmettre une réelle énergie au public. J'ai beaucoup appris à travers ces trois ans à jouer en live et je compte bien continuer à forger mon identité propre en tant que front man .
5) Depuis 2017, tu n'as pas chômé avec Iron Flesh : 2 EPs et deux albums. Où puises-tu tant d'inspiration ? Avais-tu rassemblé beaucoup d'idées et de compos durant les années qui ont précédé la création du groupe ?
Probablement que toutes ces années à ne pas composer m’ ont permis d’ engranger beaucoup d’ idées. Cependant je n’ ai rien écrit à l’ avance, chaque sortie a été écrite l’ une après l’ autre. Il est vrai que j’ ai un rythme soutenu, souvent pendant la promo d’ une sortie je trouve le temps et l’ inspiration pour écrire à nouveau. Je ne me force pas, je n’ écris jamais sous la contrainte les choses se font de manière naturelle, le soir dans ma cave. Je passe beaucoup de temps devant mon ordi à riffer, j’ assemble ainsi mes compos et je les travaille jusqu’ à en être complètement satisfait .
6) Iron Flesh propose un death qui réussit à la fois à être lourd et mélodique avec un son très propre. Es-tu d'accord ?
Nous somme accordé en RE alors que la plupart des groupe suédois en plus bas en SI. Ce n’ est pas très commun et donc notre son et moins gras/brouillon. J’ai de plus adapté le riffing aux possibilités de la pédale HM2 qui donne ce son si caractéristique. Les riffs trop complexes ou rapides sonnent toujours moins bien et sont donc «proscrit». Il en ressort un groupe un peu moins technique et démonstratif mais les morceaux sont beaucoup plus audible et catchy ce qui est une de nos forces .
7) Pour autant, "Summoning The Putrid" sonne beaucoup plus doom que "Forged Faith Bleeding", plus livide. Plus Suédois façon Entombed etc... Est-ce l'orientation que tu souhaitais prendre ?
Les morceaux sont globalement plus lent et doom que sur "Forged Faith Bleeding", cette orientation n’ a pas du tout été calculée. Je compose les morceaux sans me soucier de la teinte générale de l’album, tant que je suis satisfait du rendu général de l’ album cela me convient. Peut être que le prochain sera plus rapide et qu’il y aura des percus, c’ est la tout l’ intérêt de ne pas se limiter dans la compo. Cela permet de se renouveler d’ un album à l’ autre et de proposer de nouvelles choses qui créent la richesse du groupe .
8) L'artwork est parfaitement dans le ton. Quels travaux de Skadvaldur t'ont donné envie de bosser avec lui ?
J’ai découvert les travaux de Skadvaldur sur Instagram. C’est l'artwork de Wretched Fate, "Fleshletting", qui m’ a fait me dire : Je veux bosser avec ce mec. Après l’avoir contacté et exposé le projet il a accepté et ça a été un réel plaisir que de bosser avec lui . Il est super réactif et propose de très bonnes idées. On avait les même goûts on s’ est donc rapidement retrouvé dans le processus créatif de l’artwork.
10) As-tu élaboré "Summoning The Putrid" différemment de son prédécesseur ?
Absolument pas. Je compose toujours de la même manière . A savoir, je commence par riffer à la guitare et j’ assemble des squelettes de morceaux puis je crée les parties de batterie avec certains arrangements. Vient ensuite la basse, les arrangements/harmonisation et lead de guitare et je termine toujours par le chant. La seule particularité et que je compose toujours en soirée pour une raison inconnue, c’ est la que l’ inspiration me vient la plus facilement .
11) Tu signes tous les textes. Quels thèmes abordes-tu ?
J’aborde presque toujours les même thèmes depuis le début, tel que la fin de l’Humanité, le retour des grand anciens et des forces obscures , l’endoctrinement par la religion, la folie, l’inceste, le tout avec un soupçon d’ imagination de sorcellerie et de mort vivants. Pour cet album je me suis inspiré des oeuvres de Mark Riddick que je trouve sublimes qui m’ont permis de créer de mini histoires ou des univers qui contribue à l’ambiance générale de l’ album et qui me permettent de m’immerger totalement dans le processus créatif. "Summoning the Putrid" est le résultat de mon imagination et je suis super fier du rendu global de l’album.
12) Un prochain album est-il déjà en route ? Dans l'affirmative, que peux-tu nous en dire ?
J’ ai l’ impression qu’ à raison d’une sortie par an ce n’est déjà plus une surprise pour personne de savoir si je travaille sur un nouvel album ou pas ahahah ! Je bosse en effet sur un autre album, mais c’est tout ce que je peux dire pour le moment, en son temps je ferai des révélations concernant ce qui sera la suite de "Summoning the Putrid".
13) On devine que tu cherches à tout contrôler dans le groupe, de la composition à l'enregistrement. Quelle est l'implication des autres membres ? On peut penser que tu nourris de grandes ambitions pour Iron Flesh qui a clairement le potentiel pour s'imposer comme un fer de lance de la scène death metal...
Je contrôle en effet presque l’ intégralité de ce qui se passe dans le groupe. C’est un choix que nous avons depuis le début et c’ est convenu avec les autres membres. De mon expérience je peux te dire que moins il y a de décideurs dans un groupe plus les décisions sont simples à prendre, le tout est que tout le monde soit satisfait. Au sein d’Iron Flesh nous prenons les décisions non pas pour nourrir nos intérêts personnel mais pour faire avancer les groupe. Tout les membres donnent leur avis et on tombe en général rapidement d’ accord sur ce qu’ il faut faire dans l’ intérêt du groupe. Ce sont donc d’ excellents conseillers, dont je ne saurais me passer ! La plus grande ambition que nous avons pour le moment sous couvert d’ une private joke c’ est de mener Iron Flesh jusqu’ au Hellfest car Guilhem le batteur est le seul à ne jamais l’avoir fait. Pour les ambitions justement on ne cherche pas à être les plus gros, les meilleurs, on fait notre bout de chemin de la manière qui nous semble la plus cohérente. On est conscient que la route est longue et on privilégie le plaisir de jouer plutôt que d’ être la nouvelle tête de proue du death metal français. Si l’ on devient un fer de lance de la scène française j’ en serais ravis mais il ne faut pas oublier que plus l’ exposition sera grande plus on se fera tailler en cas de mauvais album. Je garde donc la tête froide et je m’ efforce de composer de bon albums plutôt que de me soucier de mon niveau de notoriété.
14) Comment trouve-tu la scène metal bordelaise ?
On a des fer de lance comme Gorod ou Ad patres dont on peut être très fier. Nous et bien d’ autres en dessous essayons tant bien que mal de sortir nous aiguille du jeu. La scène est très active, avant le covid on pouvait me proposer jusqu’ à 10 fois par an de jouer sur Bordeaux. Le confinement a fait beaucoup de mal et j’ ai l’ impression que pas mal de groupes sont dormant pour une période indéterminée. J’espère que nous pourrons tous reprendre une activité normale bientôt car cela me manque énormément !
15) Iron Flesh s'est déjà taillé une solide réputation. Es-tu surpris par cet accueil aussi rapide que très positif ?
C’ était un pari risqué que de faire un groupe de death suédois en France, on fait un peu office d’ outsider ici car on est les seuls à jouer ce style, toutes les autres formations sont plus brutales. Je pense que l’ on a réussit à créer un élan de curiosité autour du groupe. Toutes nos sorties ont été bien reçues par la presse, avec plus de 30 concerts on a toujours essayé de se donner à fond et de faire bonne impression. Les compos sont super catchy et fonctionnent vraiment bien en live. Je pense que c’est un ensemble de conditions favorables qui ont permis au groupe de se forger cette «réputation» rapidement. Personnellement, je ne cherche pas à être le plus connu, on fait juste notre bout de chemin et on se fait plaisir sur scène sans aucune arrogance, ça doit se ressentir et probablement nous donner un côté un plus sympathique. Beaucoup de groupes sont souvent mystérieux ou peu bavards je cherche au contraire à montrer qu’ on est comme tout le monde et que derrière cette musique ou cet univers aussi sombre soit il il a des gens avec qui ont peut avoir des discussions tout ce qu’ il y a de plus normale.
16) Quels retours as-tu de l'étranger ?
Tu soulèves un point intéressant puisque sans avoir jamais joué à l’ étranger avec Iron Flesh on a une fan base qui se développe de plus en plus. Pas forcément en Suède comme on pourrait l’ imaginer mais plutôt au Canada en Amérique et notre nouvel Eldorado sonne clairement comme étant l’ Allemagne, la scène là bas semble hyper friande de notre musique !
17) Quels sont vos projets pour 2021 ?
J’ espère pouvoir faire quelques concerts en 2021, peut être un nouvel album en fonction de la pandémie mondiale et des opportunités qui pourraient se présenter avec un quelconque label. Je continue la promo de "Summoning the Putrid" et si les confinements perdurent je compte bien me concentrer à fond sur l’écriture et la production d’ un nouvel opus qui je l’ espère sera encore meilleur.
18) Je te laisse le mot de la fin pour évoquer librement un sujet qui te tient à coeur....
Merci beaucoup pour cette interview, un grand merci pour le soutien que nous apportent nos fans et pour la réactivité de la presse concernant cet opus. Sans vous nous ne sommes rien ! J’ espère vous croiser bientôt sur les planches. Stay necro !
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