14 janvier 2020

CinéZone | Michael Curtiz - Les anges aux figures sales (1938)




Danseur de formation, James Cagney est pourtant entré dans le panthéon hollywoodien en enfilant des habits de gangsters, rôles qui ont jalonné sa carrière de L'ennemi public (William Wellman) qui, en 1931, le révéla, jusqu'à L'enfer est à lui (Raoul Walsh) et Le fauve en liberté (Gordon Douglas), sortis respectivement en 1949 et 1950. En 1939, après quelques années loin des grands studios, l'acteur souhaite marquer son retour mais les temps ont changé et le Code Hays n'autorise plus que le cinéma érige en héros des crapules sans foi ni loi. Dès lors, toute la difficulté est de contourner cette censure. En cela, Les anges aux figures sales constitue un tournant dans le film noir en cela qu'il dresse un portrait de gangster plus complexe sinon moralisateur. Loin de la brute qui a fait son succès, le personnage de Rocky Sullivan se veut attachant même si, au sortir de prison, le rachat ou la bonne conduite ne l'intéressent toujours pas. Habilement, le scénario s'adapte également à la nouvelle réglementation en opposant son principal protagoniste à un prêtre qui agit comme son double positif, distillant les valeurs morales chères aux censeurs. 

Le film suit ainsi les destinées parallèles de deux amis d'enfance, l'un basculant dans le crime, l'autre dans la foi. Il use aussi d'une symbolique évidente en terme de décors, situés dans le quartier de Hell's Kitchen, avec la tanière souterraine des Dead End Kids (déjà aperçus dans Rue sans issue), sorte d'enfer dont on s'échappe par un escalier qui conduit à la lumière (le ciel). Enfin, Sullivan ne triomphe pas à la fin, ne meurt pas en héros, il sacrifie au contraire son honneur comme une ultime rédemption, afin de ne pas être un modèle pour les gamins qui l'admirent tant. Selon son habitude, James Cagney livre une interprétation aussi puissante que vitaminée. A ses côtés, Humphrey Bogart doit encore se contenter de jouer les mauvais garçons qui n'atteignent pas la dernière bobine tandis que Ann Sheridan sert de caution tendre et amoureuse au criminel. Louons pour terminer la mise en scène inventive de Michael Curtiz, riche de magnifiques mouvements d'appareils et de belles idées (le recours au miroir), emballant son sujet en à peine une heure et demi, concision qui laisse aujourd'hui rêveur... (vu le 12.01.2020). ⍖⍖⍖


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