26 novembre 2019

Tigerleech | The Edge Of The End



















S'il accouche avec "The Edge Of The End" de son premier effort longue durée, cela fait déjà six ans que Tigerleech bourlingue, agrégat de quatre musiciens chevronnés venus d'horizons différents.

De là l'effrontée maîtrise dont les Franciliens font preuve depuis leurs débuts. Mais deux EPs de bonne mémoire plus tard ("Danse macabre" et "EP 2017"), les choses sérieuses se précisent enfin avec cet uppercut dans lequel nos gaillards ont mis toutes leurs tripes et leur sueur. Avec dix titres en une heure, ils l'ont même rempli jusqu'à la gueule cette rondelle. Trop peut-être. Au point de perdre en route l'intensité requise, d'autant que tous les morceaux, à l'exception du groovy 'Jungle Punk', sont plus ou moins taillés dans le même format. C'est sa seule (relative) faiblesse. Mais, Tigerleech, qu'est-ce que c'est ? A quoi ça ressemble ? Le manche, épais et gonflé d'une semence caillouteuse, planté dans le sol américain, le groupe tente la copulation brutale entre le stoner de bûcheron et le hardcore le plus plombé sous le regard sauvage du thrash et du heavy. Bref, l'ensemble s'apparente à du sludge bien gras, l'haleine chargée de bière et de bourbon.

Misant sur les mid-tempos reptiliens, "The Edge Of The End" a quelque chose d'un rouleau-compresseur prisonnier d'une nappe de mazout. La majorité des compos est clouée à terre par des musiciens à l'unisson d'une pesanteur aussi granitique que malsaine, malgré une rythmique parfois galopante ('Awkward'). Aux crachats rugueux de Shelby répond la gratte sismique du père Fabien, qui prodigue des riffs écrasants à l'image de l'énorme 'Sandstorm' qui amorce l'écoute d'une façon imparable. Mais sous cette couche de plomb diffuse tout du long une mélancolie sourde, faisant tout le sel d'un album qui conjugue lourdeur rampante et beauté crasseuse mais désespérée. 'Sexe dur', 'Decline For Glory' ou 'In My Veins' illustrent cette force émotionnelle irriguée par une six-cordes qui forge un édifice en béton d'où s'écoulent de fébriles atmosphères. Artisan d'un sludge tout en pesantes rondeurs, Tigerleech livre un premier album prometteur auquel il ne manque qu'un peu plus de nuances pour être indispensable. (30.06.2019 | Music Waves)

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