Sept saillies en à peine plus de dix minutes au compteur : il ne faut pas être grand clair pour deviner dans quel bois est taillé City Of Plight. C’est du grind, du brutal, du qui vous lacère la peau et fait saigner les muqueuses. Pourtant, biberonné à Nasum (entre autres), Grist ne confond jamais vélocité furieuse et bouillie sauvage. Le grind qu’il régurgite n’oublie pas d’être nerveux, presque catchy, voire même, attention au gros mot, mélodique. Toute proportion bien gardée, s’entend ! Mais le fait est que ces glaviots fangeux donnent (presque) envie de taper du pied, témoin ce Zorba Style aussi énervé qu’implacable. Cendreuses et grésillantes, les guitares semblent échappées du Wolverine Blues d’Entombed (Serbian Box Cutter), plongeant Grist dans les viscères de ce death suédois qu’une frontière ténue a finalement toujours séparé du grindcore. Le groupe aime serrer le frein à main, ouvrant alors de vertigineuses fissures desquelles est exhalée une noirceur bitumeuse. Cock Teases et surtout La méthode du sens unique, étonnant instrumental qui gravite au bord d’une folie rampante et hallucinée, témoignent de ce goût pour les lourds coups de boutoir et les ambiances viciées. Scandinaves de cœur peut-être, les Français n’en demeurent pas moins enracinés dans une urbanité francilienne grouillante et malsaine, celle d’un monde de béton et de boyaux qui serpentent sous la terre. Ejaculation précoce, City Of Plight est un EP qui file donc très vite, et de plus en plus même, allant crever au fond d’un terrain vague au terme de trois uppercuts supersoniques. Stanlincrack et Charles-Henri ne franchissant même pas la barre des soixante secondes ! Crachant là son premier jet, après une apparition sur la compilation In Grindo Veritas de Kaotoxin (2015), Grist impressionne déjà par sa maîtrise. Qu’il soit le repère de quelques mercenaires de la chapelle extrême hexagonale, réunissant ainsi le chanteur de Gorod, Julien Dreyes (dans un registre viscéral et croûteux qui lui sied franchement bien), le cogneur de Merrimack (entre beaucoup d’autres), Thomas Hennequin et l’ancien bassiste de HKY, Thomas Dartiailh, explique cette insolente habileté. Gage de qualité s’il en est, tout comme le fait de voir le respectable Cold Dark Matter Records diffuser ce City Of Plight dont la courte durée est inversement proportionnelle à la profondeur des stigmates qui creusent dans la chair et la mémoire. (LCN - 23.01.2019) ⍖⍖
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