16 avril 2018

KröniK | Rainbow - Memories In Rock II (2018)


Suscitant des réactions généralement embarrassées quand elle n'est pas franchement raillée, il est fréquent de lire un peu partout que la résurrection de Rainbow est un naufrage au point d'affirmer que Ritchie Blackmore aurait été plus inspiré de se contenter de son rôle de ménestrel au lieu d'abîmer sa légende. Mais que reproche-t-on au juste à l'ombrageux guitariste ? Premièrement, de ne pas avoir réellement reformé l'Arc-en-Ciel puisque aucun des (nombreux) membres ayant autrefois participé à l'une de ses (nombreuses) incarnations, n'a été invité à le rejoindre pour ce nouveau et dernier chapitre.
C'est oublier que Rainbow n'a jamais été un vrai groupe mais avant toute chose le jouet de l'ex Deep Purple qui en a toujours fait qu'à sa tête, usant les musiciens comme les cordes de sa Fender. Corollaire de ce grief qui n'en est donc pas un, la troupe qui l'accompagne ne serait pas à la hauteur des line-up précédents. Certes le jeu du batteur David Keith manque cruellement de patate. Mais ni Bob Nouveau et sa basse toute en rondeurs ni Jens Johansson qui fait le job sans forcer son talent ne déméritent et encore moins Ronnie Romero dont l'aisance ne peut qu'impressionner. Surtout cessons de le comparer avec l'incomparable, c'est-à-dire avec l'inégalable Ronnie James Dio que la mort a porté au rang de dieu. Rappelons que Graham Bonnet, Joe Lynn Turner et Doogie White ont eux aussi en leur temps fait les frais de cette comparaison. Bref d'aucuns se complaisent à ranger cette réunion au niveau d'un quelconque tribute band, certains allant même jusqu'à prétendre que ceux-ci sonnent parfois mieux que ce Rainbow déformé. Ils ont peut-être la puissance mais il leur manque l'âme du groupe qui ne peut être incarnée que par Blackmore lui-même. Ce qui nous conduit au dernier point, le plus pénible car, en dépit de toute la dévotion qu'il nous inspire, il faut bien admettre que l'Homme en noir, les doigts perclus d'arthrose, ne possède plus sa légendaire dextérité, jouant plus lentement (ce n'est pas grave) ou simplifiant ses interventions quand il ne bousille pas certains de ses soli (ça l'est plus). Il suffit d'écouter les versions de 'Spotlight Kid' ou de 'Child In Time', proposées par « Memories In Rock II », que sauvent cependant le claviériste Suédois, qui semble pallier les passagères carences du maître, pour mesurer combien celui-ci peine parfois à honorer son répertoire. Mais s'il a perdu en vélocité, encore que ce 'Burn' volcanique infirme quelque peu cette impression, il a incontestablement gagné en feeling. De fait, à l'instar des deux précédents lives publiés depuis la reformation, cet enregistrement capturé durant les concerts en terre anglaise de l'été 2017, atteint ses moments les plus magiques lorsque le guitar hero fait parler l'émotion plus que la poudre, témoins les 'Mistreated', 'Catch The Rainbow' '16th Century Greensleeves', 'Temple Of The King' ou 'Carry On Jon', l'hommage à Jon Lord qu'il a composé pour Blackmore 's Night et, dans une veine plus épique, 'Stargazer'. Bénéficiant d'une meilleure enveloppe sonore que « Live In Birmingham », ce nouveau signe de vie scénique de Rainbow permet également au claviériste de Stratovarius et ex Yngwie Malmsteen de se montrer extrêmement volubile, notamment sur un 'Difficult To Cure' dont il remplit presque à lui seul le quart d'heure ! Poussive pour les grincheux, cette incarnation de l'Arc-En-Ciel, malgré ses défauts, n'est au final pas sans charme et on se surprend même à s'habituer à ces relectures plus lentes, moins vivantes peut-être, que les versions originales mais pas moins belles en définitive avec leurs maladresses qui les rendent presque touchantes. Et puis, même s'il a perdu de sa superbe, Ritchie reste cette force sombre qui emporte tout. A noter que le menu de "Memories In Rock II" est complété par les trois titres gravés récemment en studio dont 'Waiting For A Sun', chroniqué ans ses pages et enrichi d'un DVD gavé d'interviews. Indispensable pour les (vrais) fans du troubadour ! 4/5 (16/04/2018)






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