2 mars 2018

KröniK | Hela - Death May Die (2017)


Encore un groupe de doom à chanteuse, allez-vous vous écrier. Pourtant, outre le fait que les Espagnols ont déjà quelques années et trois rondelles au compteur, Hela mérite mieux que cette étiquette désormais à la mode. Sur ce terrain autrefois surprenant mais aujourd'hui lessivé par une cohorte de combos menés par d'obscures prêtresses, trois caractères sont nécessaires pour de se distinguer, s'extraire de la nasse.Le premier tient aux qualités vocales de la chanteuse. Serrant également le manche de la seconde guitare, Mireia Porto associe un timbre sombrement accrocheur à une beauté qui n'est bien entendu pas pour nous déplaire.
La belle succède avantageusement à Isabel Sierra sur tous les tableaux et redonne des couleurs (noires) à cet organe féminin de plus en plus dévoyé. Elle est incontestablement la grande découverte de cette offrande. Le deuxième  réside dans la qualité d'une écriture qui se doit d'être épaisse. "Death May Die" témoigne que les Ibériques n'ont aucun souci à se faire de ce côté là non plus. Ils maçonnent ainsi un édifice aux fondations pesantes que ce nouvel opus entraîne dans les arcanes menaçantes d'une musique moins stoner (même s'il en reste quelque chose sur 'Dark Passenger' notamment) que sur "Broken Cross" (2013) et tout simplement plus doom. Un doom râblé sillonnant une forêt nocturne qui abrite quelque cérémonie mystérieuse en l'honneur de divinités oubliées. Baignant toujours, comme leurs devancières, dans un climat occulte, ces pistes aux allures de pièces d'orfèvrerie, prennent le temps de distiller des atmosphères chargées en noirceur pétrifiée. On tient d'ailleurs là le troisième et dernier trait indispensable pour se détacher, à savoir la capacité à ouvrir les vannes d'un flot ténébreux, à creuser dans le sol des artères au fond desquelles macère un stupre corrosif. Prisonnier d'une gangue de plomb, "Death May Die" se dresse sur des guitares trapues dont la peau est cisaillée par les griffures de la vocaliste. De ces plaies béantes suintent des émotions tour à tour désespérées ou envoûtantes ('Repulsion'). Etonnamment, après avoir lentement étiré ses noueux tentacules, le menu s'achève avec un 'Bodies In Hell', sec comme un coup de trique, épilogue fiévreusement rapide qui voit Mireia se faire plus agressive, panthère noire déchiquetant sa proie sacrificielle sur un autel impur. Pour toutes ces raisons que synthétise ce recueil de psaumes lourds et volcaniques, Hela n'est pas un groupe de doom à chanteuse de plus mais bien un des prêtres les plus prometteurs de ce culte dédié à la déesse du sacro saint riff. 3.5/5 (02/11/2017)






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