5 avril 2017

KröniK | Agonia - O Adormecer Eterno (2015)


Demo tape publiée en janvier 2015 par War Productions, O Adormecer Eterno fait partie de ces offrandes qui ne peuvent naître que dans l'underground le plus obscur, fuyant la lumière du jour. Agonia, qu'il ne faut pas confondre avec ses nombreuses homonymes, est à l'image de ce premier cri de haine, mystérieux, intriguant, presque fantomatique en ce sens où ses membres donnent l'impression d'avoir été crachés depuis les limbes elles-mêmes. Sont-il des êtres humains ? La question mérite d'être posée tant la noirceur charbonneuse qui suinte de cet art doloriste et pétrifié, semble provenir des profondeurs les plus indicibles, comme une abyssale et mortifère éjaculation.
La semence qui s'écoule de ce méat ténébreux charrie une telle négativité que parler de doom à son sujet, se révèle totalement absurde. Certes d'une lenteur fossilisée qui l'entraîne dans des abîmes funéraires, O Adormecer Eterno noue finalement plus de liens avec le black metal le plus cryptique avec lequel il partage ce même vernis morbide. Mais qu'importe le genre auquel les Portugais se rattachent, l'essentiel est ailleurs, dans cette dimension rituelle et ces atmosphères incantatoires qui transforment la défloration de cette démo en une messe impie qui se ressent plus qu'elle ne s'écoute. Le son ferrugineux des guitares, les psalmodies lointaines ou hurlées et ces percussions endolories participent d'une ambiance de rituel capturé en condition live, parfois au bord de la rupture, à l'image de la conclusion déglinguée de Agonia Triunfante, à la manière d'une cérémonie sinistre dont l'auditeur est le témoin indiscret.  Quoique scindé en cinq pistes, cet opuscule se doit d'être abordé comme un tout indivisible que les contours opaques de son menu contribue à rendre plus abstrait encore. Inutile dans ce cas de chercher à détailler sinon distinguer ces plaintes suffocantes qui ne forment en définitive qu'une seule et même prière pour les morts. Leur lenteur inexorable, leur absence de rythme, les rendent quasi indéfinissables. Mais de leurs entrailles s'écoule pourtant une sève souterraine dans laquelle certains, dont l'auteur de ces lignes, décèleront une espèce de beauté douloureuse... 3/5 (2017) | Facebook








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