3 avril 2017

CinéZone | Clint Eastwood - Gran Torino (2008)




On peut ranger les clintophiles en trois catégories. Il y a ceux qui pensent que Clint, c'était mieux avant, louant des films plus simples sinon modestes, plus secs également, sans afféteries. Il y a ensuite les puceaux façon Allociné qui semblent croire que Eastwood est né avec Impitoyable ou Sur la route de Madison. Et puis, il y a ceux, dont fait partie Childéric Thor, qui estiment que la vérité le concernant, se situe quelque part entre les deux. Alors oui, le réalisateur est peut-être désormais sur-estimé, ses films se confondent de plus en plus avec des oeuvres pour festivals et récompenses mais il faudrait être de mauvaise fois pour affirmer que La sanction (jubilatoire au demeurant) ou Firefox sont supérieurs à un Space Cowboys ou à Gran Torino justement. Ce dernier, en marquant un retour à une forme de simplicité qui faisait défaut à Mémoires de nos pères par exemple, rejoint les grands classiques du maître. Au départ, la rumeur circulait qu'il s'agirait d'une énième aventure de Dirty Harry mais Clint est trop intelligent pour se laisser aller à ce type de facilité. A la place, c'est un grand film humaniste, certes empreint de ce narcissisme propre à son auteur, et surtout un regard désenchanté sur son propre personnage, dont il continue d'illustrer le vieillissement, couplé à un portrait de l'Amérique d'aujourd'hui. Après Million Dollar Baby, duquel il se rapproche sur bien des points, Gran Torino marque donc le retour du comédien devant la caméra, qui trouve là un rôle taillé pour lui et l'occasion de tirer sa révérence, ce qui rendra Une nouvelle chance totalement inutile quoique sympathique. Plus proche de Tom Highway que de l'inspecteur Harry, Walt Kowalski est un homme fatigué, pétri de préjugés et rongé par la maladie et les remords. Mort, il va renaître au contact de ses voisins asiatiques qui vont devenir plus que ses amis, sa nouvelle famille. Si celle-ci est brossée à gros traits, comme c'était d'ailleurs déjà le cas dans Million Dollar Baby, le sujet n'en reste pas moins cher à Eastwood dont les personnages, mauvais pères de surcroît (Les pleins pouvoirs etc...) se (re)trouvent généralement au centre d'un cercle hétéroclite qui finit par se substituer à  la famille naturelle (Bronco Billy). D'autres thèmes récurrents dans son oeuvre sont rassemblés par un scénario d'une belle épure : la transmission, la relation initiatique entre un homme mûr et un(e) adulte en devenir, la religion, notamment à travers la posture christique de son corps lorsqu'il s'effondre, criblé de balles... A noter que, jusqu'à American Sniper, ce sera le plus gros succès de la carrière de notre homme Clint qu'entourent de formidables acteurs amateurs. (03.04.2017) ⍖⍖⍖⍖



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