Entretien réalisé pour la Horde Noire le 31/05/2015.
Dans ma chronique, j'ai présenté Ende comme ton jardin secret en quelque sorte. Que penses-tu de cette définition ?
Je ne sais pas si nous pouvons parler de jardin secret, mais la démarche est clairement intimiste. Ende est un ressenti et un plongeons dans une scène black metal qui n'existe plus ou presque depuis 15 ou 20 ans. Cette phrase prend tout son sens avec le nouvel album puisqu'il est construit et produit dans une immersion totale et d'une manière isolé d'un peu tout, matériellement, géographiquement, humainement, mais cela était un souhait dès le départ, nous éloigner un maximum pour faire les choses comme nous l'entendions.
Non pas dans un excès de misanthropie mais pour ne pas être parasité par quoi que ce soit, faire les choses simplement en prenant le temps qu'il faut pour atteindre ce que nous voulions.
Non pas dans un excès de misanthropie mais pour ne pas être parasité par quoi que ce soit, faire les choses simplement en prenant le temps qu'il faut pour atteindre ce que nous voulions.
Cependant, tu n'es pas (ou plus) le seul membre de ce projet. Comment travailles-tu avec Thomas le batteur ? Est-il impliqué dans le processus de composition ?
Ende est un duo. Thomas Njodr participe aux arrangements et il n'est pas exclu qu'il apporte des riffs un jours, il est très impliqué dans Ende.
Tu prends (ou as pris) part à plusieurs groupes. En quoi Ende est-il différent de ceux-ci ? Que cherches-tu à exprimer avec cette entité ?
Chaque groupe est un univers unique. Ils sont très différents les uns des autres et correspondent à une partie de ce que je suis et prennent part à ma vie de tous les jours. Tout ou presque tourne autour de la musique. Ende occupe une place importante et particulière. Tout en lui est fait et ce fait dans l'ombre, à comité le plus réduit possible. Seules les productions et leurs distributions se font d'une manique plus habituelle. Nous produisons par nous-mêmes, étape par étape, la production sans passer par autrui afin de garder l'Aura originel du groupe comme elle est née, c'est elle qui en est la racine mère, qui anime Ende. Nous avons notre propre vision de la scène, nos codes et nous y restons attachés. Notre univers s'auto nourrit.
Revenons un peu sur Whispers Of A Dying Earth. Son écriture et son enregistrement semblent s'étendre sur plusieurs années, pour quelles raisons ? Sa composition et son enregistrement se sont fait de façon assez classique en 2010, il s'agit surtout d'un écart entre sa production et sa sortie puisque qu'à la base,Whispers... n'était pas vraiment destiné à sortir. Je compose énormément de musique, j'ai continuellement le besoin de construire quelque chose,Whispers... c'est alors imposé de lui-même puisque j'avais depuis très longtemps l'envie et le besoin d'écrire un tel album. Le jour où l'idée de le sortir a germée, j'ai contacté AOP. C'est un label que j'apprécie beaucoup et surtout de taille humaine. Il a beaucoup aimé l'album et l'a produit, depuis nous travaillons ensemble pour la sortie du prochain ainsi que d'autres projets.
"Des pleurs au gré du vent" et "Les souhaits d'un songe" datent de 2004, me semble-t-il, une époque où Ende n'existait pas encore. Que peux-tu dire à propos de ces deux compositions ?
J'ai toujours gardé un pied dans les anciens courants BM, particulièrement français et scandinave. J'ai régulièrement composé des titres sans jamais les sortir, sans même le vouloir à l'exception de quelques-uns comme ces deux titres. Ainsi, ces derniers rentraient parfaitement dans la démarche de cet album et y ont donc trouvé leur place naturellement.
L'histoire de l'album ne s'arrête pas là puisqu'il n'a finalement été publié qu'en 2012. Pourquoi un tel délai ? Tu ne trouvais pas de label pour le sortir ? Le problème dans ce genre de situation réside aussi dans le fait que le matériel en question commence à dater; tu as évolué depuis et l'album ne reflète pas ce que tu es maintenant... Qu'en penses-tu ?
Je fais de la musique avant tout pour moi, je ne vois que plus tard si je souhaite la voir sortir ou non et c'est pour ça que les années séparent sa production de sa sortie. Un album reflète toujours ce que tu es, juste qu'il correspond à une facette en particulier, à une époque précise, cependant il n'en reste pas moins toi. Avec le temps nous évoluons tous mais restons toujours au fond les mêmes.
Ende va se produire sur scène, cet été au Forest Fest. Est-ce la première fois que tu donnes un concert sous cette bannière ? Qui va t'accompagner pour l'occasion ?
Il s'agit de la première date live de Ende. Trois de nos proches vont nous accompagner pour les prestations. Nous devons aussi nous produire à Nantes avec Mortifera en septembre et attendons quelques autres confirmations.L'aspect concert peut être intéressant et captivant pour nous puisque nous y proposons quelque chose de différent en comparaison de ce que nous avons déjà apporté avec d'autres projets. La musique de Ende se prête également à ce genre de cérémonie alors je présume que nous avons de quoi offrir un set intéressant.
Une demo tape baptiséeThe God's Rejectsva être publiée par Cold Dark Matter le mois prochain. De quoi s'agit-il ?
Il s'agit d'enregistrements datant de 2008 qui ne sont jamais sorti. C'est assez différent du premier album et de celui en passe de sortir, cette tape correspond à une époque bien précise, très cru et sans fioriture. Aussi, je ne sais pas si on peut parler d'une démo ou d'un EP mais le format tape est un lien vers une époque précise et importante au genre comme pour moi. Pour cette occasion, nous avons trouvé un accord rapide et facile avec CDM Rec pour sortir un bel objet tout en le limitant, c'est une pro-tape avec un visuel que nous avons travaillé ensemble. Si tout va bien elle devrait être disponible à la mi-juin. Je souligne que cette sortie n'est pas à considérer comme le nouvel album à venir mais bel et bien comme un objet à part, une relique.
Sinon, une seconde offrande est imminente. Que peux-tu en dire ? Verra-t-elle le jour chez Obscure Abhorrence également ?
Oui,The rebirth of I sortira sur OAP également et si tout se passe bien il devrait être disponible fin octobre, nous le proposerons en exclu à la date du 18 septembre avec Mortifera si nous le pouvons puisque nous y jouerons la quasi-totalité de la setlist le composant. Ce que je peux t'en dire ? C'est un album brut dans lequel nous avons écrit en français pour certains titres, où chaque photo représente un moment bien particulier lié à son écriture et à l'ambiance du moment, à des lieux, à des personnes. Ende est maintenant figé dans une époque qui est aujourd'hui oubliée, c'est un peu un fantôme. Actuellement, le mixage est en passe d'être terminé ainsi que les visuels, l'aventure touche alors à sa fin. Nous pourrons alors passer à d'autres objectifs comme la scène en emmenant avec nous ce microcosme qui est le nôtre, composer la suite. Nous aimerions proposer un split à l'occasion avec un groupe en cohérence avec Ende, nous verrons.Dans tous les cas, c'est un album important car il draine avec lui quelque chose de singulier, une période bien précise.
Cold Dark Matter m'amène à aborder un de tes autres projets, Leben Ohn Licht Kollektiv dont j'ai beaucoup apprécié le split avec Immemorial. Peux-tu nous le présenter ? Que représente pour toi la Dark Ambient ? Là encore, un prochain disque est en cours, je crois... Comment fais-tu pour mener à bien tous ces projets ?
LOLK est un peu l'extension de Reverence, sa version ambiante uniquement. Certains styles offrent et drainent avec eux une manière de travailler et une expression très différente. C'est le cas avec l'ambient. Il est dommage que ce genre musical reste au final assez méconnu et difficile d'accès d'une manière générale alors qu'il s'agit d'un des styles de musique les plus répandu auprès du commun des mortels à travers les films, publicités, etc. C'est surement le fait d'être isolé d'un autre support qui rend son concept plus ardu à concevoir, à appréhender puisqu'il demande une immersion complète pour comprendre, ressentir. L'ambiante est un univers très particulier.
Un mot sur Reverence ?
Un EP est en préparation.
Quels souvenirs gardes-tu de ta participation à Animus Herilis ?
Un souvenir assez court puisque lorsque j'ai intégré Animus Herilis, des tensions existantes entre certains membres ont eu raison du groupe peu de temps après, je n'ai en mémoire que deux répétitions avec eux, c'était en 2003 je crois. Je n'ai donc jamais eu l'occasion d'enregistrer quoi que ce soit avec Animus Herilis, le groupe ayant splitté. C'est dommage car il y avait un réel potentiel.
Que signifie pour toi, le Black Metal ? Comment as-tu découvert le genre ?
C'est un courant introverti, un univers individuel et intimiste décoré avec son propre côté obscure, c'est pour ces raisons qu'il est impossible de donner une définition exacte de l'Aura black metal... Quand tu tentes de l'expliquer, tu dévoiles juste une part de ta bulle qui elle-même n'est pas forcément en adéquation ou simplement compréhensible par la personne en face de toi. Il y a ses codes, ses clichés et ses grandes lignes, après le reste n'appartient qu'à soi. C'est une chose qui se vit, personnel. Aujourd'hui, beaucoup partent en croisade pour démontrer que leurs visions est la bonne, l'imposer, on se croirait en politique... Tu sais, nous sommes loin de tout ça, nous faisons les choses comme nous l'entendons, le reste... Finalement, c'est peut être ça la misanthropie originel. Au passage, c'est peut-être ici que ton terme de « jardin secret » s'appliquerait le mieux d'ailleurs. J'ai découvert le black metal en 1996 il me semble avec Det som engang var de Burzum ,De mysteriis de Mayhem et les légions noires. Assez classique en soit mais à l'époque, c'était différent.
Y-a-t-il une question que tu ne voudrais pas que je te pose ?
Non, rien de particulier.
Si tu devais définir Ende en un mot ?
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