Nous ne le répéterons jamais assez mais, plus
que tout autre genre, le doom se veut surtout une question de foi. Son terreau,
basé sur la souffrance et le désespoir, se révèle aussi universel
qu'intemporel. Ce qui explique pourquoi cette chapelle traverse les modes, avec
une forme de noblesse sentencieuse. Héritiers d'une longue tradition
d'Outre-Rhin, dont Mirror Of Deception demeure un des plus respectables
fleurons, Cross Vault honore ce culte depuis seulement trois ans, illustrant
ainsi cet afflux constant de sang neuf, sans pour autant rompre avec
l'orthodoxie d'un credo où l'audace, l'innovation, priment moins que
l'allégeance à des valeurs fondatrices et immuables. De fait, succédant aux
remarqués « Spectres Of Revocable Loss » et « The
All-Consuming », gravés respectivement en 2014 et 2015, « Miles To
Take » ne confirme pas uniquement, en dépit de son format très court - il
s'agit en effet d'un simple EP qu'animent deux nouveaux titres de sept minutes
chacun en moyenne -, le potentiel de ces Teutons, il est surtout une pierre
supplémentaire, minérale et épique, à cette cathédrale qui semble abriter toute
la tristesse du monde. Le doom qu'ils sculptent doit beaucoup de son pouvoir
d'évocation et de sa force émotionnelle au chant de N., par ailleurs prêtre au
sein de la chapelle noire avec son projet baptisé Horn, lequel, empreint d'une solennité
tragique, étend un suaire miséricordieux sur un socle englué dans une
mélancolie plombée. A ce titre, 'A Hand Moving Mountains' s'avère être un
modèle du genre, d'une admirable pureté de traits, irrigué par des lignes de
guitares belles comme un chat qui dort cependant que cette voix superbement
heavy, d'une gravité lyrique, vient éroder les fondations granitiques de ce
tertre sévère. Quant à l'éponyme 'Miles To Take', il est une plainte contrite,
minée par une faute qui ne peut être pardonnée dont le vecteur est encore ce
pinceau vocal d'une beauté déchirante teintée d'une bouleversante fébrilité.
Ses deux titres illustrent la dévotion de Cross Vault pour un doom traditionnel
d'une épure désenchantée. 3.5/5 (2016)
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