Si,
comme dans une cour de récréation, nombreux sont ceux à se vanter d'être plus
méchants que le voisin, rares sont ceux pourtant à l'être réellement. Cowards
fait partie de cette minorité de fauteurs de troubles qui ne se contentent pas
de montrer les dents, molosse agressif contre lequel il ne faut pas se frotter,
si on ne veut pas avoir le bas-ventre déchiqueté. Traînant dans le sillage
parisien des Eibon et autre Hangman's Chair, ce qui en dit déjà long quant à sa
brutalité crasseuse, le groupe régurgite avec "Rise To Infamy" un
deuxième méfait (le troisième en comptant le EP "Hoarder") qui fait
très mal aux muqueuses. Ni vaseline ni lents préliminaires pour faire monter un
désir tendu à espérer de lui. Au contraire, dès 'Shame Along Shame', les gars
crachent leur semence nocive avec une force et une rage cataclysmiques, viol
sonore dont l'âpreté vous frappe au
visage tel un uppercut. Julien, le hurleur, dégueule ses tripes trempées dans
un nihilisme poisseux tandis que ses comparses sont à l'unisson d'une brutalité
aussi vicieuse que survoltée. Et lorsque brutalement, ils serrent le frein à
main, fossoyant alors avec des guitares corrosives un gouffre béant d'où
s'échappent de malsaines exhalaisons, une chape de plomb s'abat pour écraser
toute velléité de salut. En six minutes qui paraissent en faire le double, la
messe est dite. Entre hardcore tuméfié ('Never To Shine') et sludge grouillant
de haine ('Beyond My Hands'), Cowards ouvre les vannes d'une violence dont le
caractère hallucinée fait exploser le compteur Geiger du supportable, de
l'audible. Quarante minutes durant, "Rise To Infamy" rumine une
colère qui jamais n'est larvée, éclaboussant au contraire les parois de ce
tunnel sans fin, plongé dans une obscurité ferrugineuse où sont tapies des
menaces de meurtres et d'agressions. Les saillies s'enfilent à un rythme
déchaîné, dressant un bloc indivisible qu'aucune lumière ni pause salvatrice ne
viennent briser, maintenant tout du long une intensité glaçante. La maîtrise technique des musiciens qui
érigent un mur du son inviolable, rend encore plus terrifiant et abominable cet
album enraciné dans une réalité urbaine oppressante, terroir de tous les vices.
Et si à l'arrivée, nous ne sommes pas sûrs d'avoir tout compris, cela ne nous
empêche pas de tendre déjà l'autre joue... 3/5 (2016)
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