18 mai 2016

Edinburgh Of The Seven Seas | Inlandsis (2015)


Edinburgh Of The Seven Seas. Le nom seul de ce projet suffit déjà à évoquer une musique bercée par la houle de l’imaginaire, voyage poétique dans des contrées étranges où les reliefs et le ciel se confondent. A la barre de ce navire dont les apparats sonnent comme la promesse d’une plongée dans un inconnu rêveur, on trouve un membre de Mudbath, le guitariste Florien Mallet. Mais, hormis cet élément humain , les deux groupes ne partagent en réalité que très peu de choses en commun. A l’édifice vicié de son aîné déployant de longs et lourds tentacules, Edinburgh Of The Seven Seas privilégie au contraire un matériau plus posé, presque irréel voire quasi spectral, substrat intimiste que fragmentent une multitude de courts tableaux. Entièrement instrumental, « Inlandsis » dérive à travers les eaux mélancoliques d’un post rock au confluent de l’ambient et du shoegaze. Squelettique et pointilliste, la guitare est le fragile pinceau d’une partition dont l’épure ne la rend que plus belle. Le trait n’est que rarement appuyé, à l’exception, relative d’ailleurs, de ‘L’effondrement du temps’  que vrillent des lignes à la fois terreuses et stratosphériques. Tout ici n’est qu’atmosphère et impression. Jamais le ton ne durcit, ce qui pourrait plonger l’écoute dans un ennui poli. Il n’en est pourtant rien, grâce à la magie du maître des lieux qui parvient toujours avec une économie d’effets à toucher l’âme autant que le coeur, à l’image  de ‘Cette terre où l’eau est noire’, irrigué par des arpèges osseux d’une douce gravité. Alors certes, de part leur courte durée, il serait tentant sinon facile de ne voir dans ces compositions que de simples ébauches ou de pales aquarelles aux formes indistinctes. De leur simplicité, pour ne pas dire dénuement, naît en réalité leur richesse émotionnelle. On sent que Florien Mallet cherche à capter les émotions, à traquer un souffle de vie sinon de mort, par le biais de pistes qui chacune possède son identité propre, sa raison d’exister. Oeuvre très personnelle d’une beauté instinctive et épurée, « Inlandsis » brille de mille idées, promesses de plus belles choses encore à venir. Edinburgh Of The Sevens Seas est comme le précieux jardin secret, que nous ouvre son propriétaire dans lequel il puise un désenchantement face au spectacle d’une nature souillée. 3/5 (2016)


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