19 avril 2016

DeWolff | Roux-Ga-Roux (2016)


En dépit des apparences, look pileux à la Kadavar, visuel sexy etc, DeWolff n'est pas un groupe de rock psyché de plus et cela, au moins pour deux raisons. D'une part, contrairement à la majorité des formations nostalgiques dont les cages à miel sont restées bloquées dans les années 70, suédoises le plus souvent (mais pas que), le trio est originaire de Hollande, région plutôt avare en voyage dans le temps de ce genre, ce qui lui confère de facto une fraîcheur bienvenue, un son moins stéréotypé, soyeux et sensuel à la fois. D'autre part, et c'est le plus important, ces Bataves, dont la jeunesse peut étonner (l'un d'entre eux affiche vingt ans à peine au compteur !), incorporent des sonorités sudistes et bluesy, voire gospel, à une recette aussi chaleureuse que colorée sans lesquelles celle-ci semblerait sans doute plus banale sinon éprouvée, quand bien même la qualité de cette musique vintage se mesure de toute façon moins à son originalité qu'à sa capacité à faire couler une semence riche en feeling. Pour tout cela, "Roux-Ga-Roux" se révèle être une excellente surprise, d'autant plus que nous ne l'attendions pas, faute il est vrai d'avoir écouté les deux premiers albums du trio. Habillée d'un bel écrin visuel, la rondelle séduit par ses teintes chamarrées, parfois aux couleurs Pourpre Profond ('Stick It To The Man') que peignent tranquillement des musiciens déjà maîtres de leur art. S'ouvrant sur une courte intro fuzzy, "Roux-Ga-Roux" offre un plateau d'une belle variété où se côtoient éléments sudistes ('Black Cat Woman', 'Lucid'), blues lancinant ('What's The Measure Of A Man', Sugar Moon') et envolées plus directes ('Easy Money'). Avec élégance, sans jamais recourir à des effets appuyés, les frères van de Poel et Robin Piso libèrent leur sève généreuse qui se répand le long d'un socle tendre d'orgue Hammond antédiluvien que n'aurait pas renié Jon Lord. Les duels guitare/claviers dans lesquels se lancent nos jeunes gaillards, comme sur l'énorme 'Love Dimension', confirment d'ailleurs l'influence du dinosaure anglais. Chant sucré à faire miauler les filles de plaisir et chœurs féminins mâtinés de soul music peuplent ces compositions racées, énergiques sans être agressives. Si elle peut sembler (trop) discrète, la six-cordes n'est pourtant jamais en reste, comme en témoigne la gigantesque ballade 'Tired Of Loving You', théâtre en son milieu d'une flamboyante éruption. Que dire d'autre à propos de cet opus en tout point parfait, qui ne saurait susciter la moindre réserve, confirmant en cela le potentiel d'un groupe dont le jeune âge lui promet une carrière prometteuse. Tout y est déjà : la classe, les compos, le feeling. (2016)


                                     

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