En
dépit des apparences, look pileux à la Kadavar, visuel sexy etc, DeWolff n'est
pas un groupe de rock psyché de plus et cela, au moins pour deux raisons. D'une
part, contrairement à la majorité des formations nostalgiques dont les cages à
miel sont restées bloquées dans les années 70, suédoises le plus souvent (mais
pas que), le trio est originaire de Hollande, région plutôt avare en voyage
dans le temps de ce genre, ce qui lui confère de facto une fraîcheur bienvenue,
un son moins stéréotypé, soyeux et sensuel à la fois. D'autre part, et c'est le
plus important, ces Bataves, dont la jeunesse peut étonner (l'un d'entre eux
affiche vingt ans à peine au compteur !), incorporent des sonorités sudistes et
bluesy, voire gospel, à une recette aussi chaleureuse que colorée sans lesquelles
celle-ci semblerait sans doute plus banale sinon éprouvée, quand bien même la
qualité de cette musique vintage se mesure de toute façon moins à son
originalité qu'à sa capacité à faire couler une semence riche en feeling. Pour
tout cela, "Roux-Ga-Roux" se révèle être une excellente surprise,
d'autant plus que nous ne l'attendions pas, faute il est vrai d'avoir écouté
les deux premiers albums du trio. Habillée d'un bel écrin visuel, la rondelle
séduit par ses teintes chamarrées, parfois aux couleurs Pourpre Profond ('Stick
It To The Man') que peignent tranquillement des musiciens déjà maîtres de leur
art. S'ouvrant sur une courte intro fuzzy, "Roux-Ga-Roux" offre un
plateau d'une belle variété où se côtoient éléments sudistes ('Black Cat
Woman', 'Lucid'), blues lancinant ('What's The Measure Of A Man', Sugar Moon')
et envolées plus directes ('Easy Money'). Avec élégance, sans jamais recourir à
des effets appuyés, les frères van de Poel et Robin Piso libèrent leur sève
généreuse qui se répand le long d'un socle tendre d'orgue Hammond antédiluvien
que n'aurait pas renié Jon Lord. Les duels guitare/claviers dans lesquels se
lancent nos jeunes gaillards, comme sur l'énorme 'Love Dimension', confirment
d'ailleurs l'influence du dinosaure anglais. Chant sucré à faire miauler les
filles de plaisir et chœurs féminins mâtinés de soul music peuplent ces
compositions racées, énergiques sans être agressives. Si elle peut sembler
(trop) discrète, la six-cordes n'est pourtant jamais en reste, comme en témoigne
la gigantesque ballade 'Tired Of Loving You', théâtre en son milieu d'une
flamboyante éruption. Que dire d'autre à propos de cet opus en tout point
parfait, qui ne saurait susciter la moindre réserve, confirmant en cela le
potentiel d'un groupe dont le jeune âge lui promet une carrière prometteuse.
Tout y est déjà : la classe, les compos, le feeling. (2016)
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