11 mars 2016

Orizen | Of Life, Death & Salvation (2015)


Six ans après avoir enfanté le séminal The Path Into Revelation, ORIZEN nous rend enfin une seconde visite, projet solitaire qui de fait se confond avec son unique membre, Richard Leishman, multi-instrumentiste attaché à une certaine vision de l'art noir, orthodoxe et mélodique, épique et mélancolique, d'obédience (forcément) scandinave. Peut-être inconnu en dehors de sa cage d'escalier, le bonhomme n'en force pas moins le respect pour le travail abattu, lequel ne souffre à aucun moment de son caractère artisanal, fait à la maison. Magie de la technologie qui permet de bricoler tout seul dans son coin une musique qui pourtant n'est pas sans ampleur. Bien sûr, art de l'atmosphère, le Black Metal se conjugue parfaitement à la première personne, ce qui n'enlève rien aux qualités du jeune Suisse, bien au contraire.  Loin du machin mal branlé et fruit d'un long processus créatif s'étalant sur plusieurs années, Of Life, Death & Salvation se révèle être un album imposant, tant par sa durée - plus de 70 minutes tout de même, fait assez rare dans le genre pour être souligné - que par sa richesse de ton et de traits. Divisée en deux parties, l'oeuvre se parcourt à la manière d'un récit dont on suit avec passion les épisodes successifs. Corollaire de cette architecture, l'écoute ne peut être fragmentée, devant être embrassée dans sa globalité froidement désenchantée. Moins sinistre que Burzum, ORIZEN s'en rapproche néanmoins, partageant avec le Norvégien ce même sens de la désolation, cette même beauté empreinte d'une tristesse absolue, comme l'illustre  l'interlude Hypnotic Trip Through The Breath Of The Mind, épicentre instrumental de l'album dont les premières mesures belles à pleurer, qu'égrènent un piano squelettique, renouent avec la décrépitude qui hantait Varg Vikernes lorsqu'il était derrière les barreaux de sa prison, gagnent toutefois par la suite en puissance, cavalant à travers un vaste et désespéré paysage. Davantage que le chant, c'est surtout  la musique qui nous transporte très loin. Les arrangements sont superbes, pinceaux servant à esquisser une histoire minée par la solitude, les guitares tissent une toile dont chaque fil est une note de regrets (Agony & Ecstasy) cependant que la trame épouse la courbe sinueuse d'un chemin forestier, tout d'abord rapide, lors d'un premier pan plus tranchant sinon accrocheur (Heaven & Hell), avant de tout miser sur les ambiances durant une seconde partie que dominent les tempos lancinants, meurtris. Tragique, l'album est une lente progression vers la mort qui n'apparaît pourtant moins dans sa noirceur déprimante que dans sa dimension salvatrice, laquelle confine à une forme de libération. Riche de ses nuances et de sa progression inexorable, Of Life, Death & Salvation s'impose comme un grand disque de Black Metal, à l'ancienne et douloureusement mélodique. (2015)


                                     

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