Moonreich
fait partie de ces groupes que votre serviteur suit depuis le début, le voyant
grandir, muter, peaufinant peu à peu un art, forcément noir, de plus en plus
robuste. De plus en plus personnel aussi, partant d'un black assez cru sur
"Zoon Politikon" pour déboucher sur une matière plus sinistre et
reptilienne encore avec "Terribilis Est Locust Iste". Mais parler de
groupe en tant qu'entité n'est pas vraiment pertinent en ce sens qu'il se
présente surtout comme la créature du seul Weddir qu'accompagne une formation
mouvante, oscillant du trio au quatuor. Ce quatrième méfait a quant à lui été
gravé à six mains, celles du chanteur et guitariste donc, d'un nouveau batteur
et du bassiste Macabre dont c'est la dernière collaboration avec le maître des
lieux, parti depuis biner son jardin secret à lui, l'excellent Mortis Mutilati.
Nous pourrions rajouter à cette joyeuse équipe Devo, l'un des piliers de
Marduk, ici derrière la table de mixage car, sans vouloir chercher à lui
attribuer un rôle qu'il n'a peut-être pas, force est d'admettre que Moonreich
se rapproche de plus en plus de cette chapelle suédoise dont le credo repose
sur une science du malsain, du mortifère, autant précise que redoutable. A
laquelle les Français injectent une espèce de folie sournoise, une lèpre
rampante. L'opus démarre fort, très fort même, avec 'Ad Nauseam', qui après de
sinistres préliminaires qui en annoncent la couleur, noire nécessairement, se
met à foncer tête baissée, dératiseur funeste guidé par des guitares aussi
polluées que déglinguées. Le ton est donné. Ce qui suit alterne saillies
furieuses (surtout) et coups de boutoir vicieux. Au rang des premières, citons
'All Born Sick', toutefois écartelé par des cassures insidieuses, 'Freikorps',
longue pulsation au fond de laquelle sont tapies de perfides ambiances, sans
oublier l'éponyme 'Pillar Of Detest - World Shroud', composition sinueuse aux
reliefs aussi accidentés que meurtriers. Quant aux seconds, vers lesquelles tend d'ailleurs
notre préférence, ils sont successivement incarnés par l'immense (à tous points
de vue) 'Death Winged Majesty', rumination finale de près de dix minutes aux
confins du pur black metal dépressif, celui du Forgotten Tomb de "Love's
Burial Ground", et par 'Sheïtan', instrumental reptilien suintant une
vermine néanmoins belle à pleurer. Reprenant les choses où les a laissées
"Terribilis Est Locust Iste", ce troisième méfait s'en éloigne
pourtant par sa complexité qui se conjugue à une brutalité bouillonnante de
haine. (2015)
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