"Human
Machine", premier méfait de Kaets, est aussi la dernière livraison en date
de Klonosphere. D'une certaine manière, cette chronique pourrait s'arrêter là.
Pourquoi ? Parce que citer le nom de ce label en dit plus long que bien des
discours quant à la valeur et au contenu
de cette production. Moderne et intense, celle-ci sera. Forcément. De
qualité, également. Mais comme nous ne pouvons pas nous en tenir à cela,
tâchons d'en dire davantage de ce groupe et de cet album testiculeux. Sur
Kaets, peu d'informations circulent, si ce n'est qu'il est basé en France, à
Châtellerault pour être précis. Mais qu'importe. Sur "Human Machine",
il y a beaucoup de choses à dire en revanche. Comme son nom et son visuel le
suggèrent, il épouse la forme d'un concept-album contant l'histoire d'un homme
devenu un être hybride, prisonnier de ses hallucinations pour sombrer peu à peu
dans la folie et la décadence, aventure ambitieuse tentée d'ordinaire par des
groupes chevronnés. Pour son galop d'essai, Kaets n'a pas opté pour la
facilité, ce dont on ne peut que le féliciter. Corollaire de ce récit aux
confins de la science-fiction, la musique remplissant cette quarantaine de
minutes affiche des traits d'une sombre froideur, qu'aucune lumière ne vient
jamais vraiment réchauffer, quand bien même quelques lignes mélodiques
surgissent parfois, à l'image des premières mesure de 'My Creation' ou de 'The Last Dance'. D'une densité rampante,
l'opus concentre dix titres râblés, bombes à retardement prêtes à exploser à
tout moment. Bulldozer, il progresse à travers une géographie ravagée,
s'abîmant dans les replis vicieux de la chair. Musicalement, le groupe brasse
plusieurs influences. Au death moderne et groovy ('Full Destruction Of Time')
qu'alimentent riffs épais, rythmique musculeuse et gorges profondes, viennent
se greffer des touches plus old school et thrashy, témoin un pruneau de l'acabit
de 'Over That Game'. Loin de se contenter d'abattre le petit bois, ces compos
serpentent dans un dédale truffés de pièges et de trésors. La fin du très
justement nommé 'Death', caverneux comme une fosse profonde, la décélération
finale de 'Fucking Rain' ou encore
'Lies' que zèbrent des lignes de guitares gonflées de désespoir,
illustrent la richesse d'une écriture dynamique. En définitive, Kaets se fend
d'une carte de visite aussi ambitieuse que redoutable entre death surpuissant
et thrash des familles. On a connu pires débuts ... Gageons que le groupe ne
devrait pas en rester là ! (2015)
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