C’est dans les vieux pots… Telle pourrait être la
devise de Firebird, groupe fondé par l’ex-Carcass ( ?) Bill Steer qui, un
peu à la manière de son pote Lee Dorrian avec Cathedral, a décidé depuis
longtemps maintenant de rendre hommage aux années 70. Si le second s’alimente
directement au doom originel celui de Black Sabbath donc, Steer quant à lui
préfère têter les mamelles du Hard Rock des pionniers, Deep Purple, Blue Cheer,
Vanilla Fudge. Le fait qu’il est opté pour le format du power-trio, architecture
O combien liée à cette époque (Hendrix, Mountain…), est par ailleurs un signe
qui ne trompe pas. Pourtant, malgré déjà un bon paquet d’album sous le coude
(six au total en comptant le petit dernier), le guitariste (et ici chanteur)
peine toujours à faire parler de lui autrement que sous l’étiquette
« ex-membre d’une formation culte ». C’est regrettable tant Firebird
mérite franchement qu’on s’attarde sur son cas. Deux ans après un Grand Union
déjà de (très) bonne mémoire, Double Diamond en témoigne. Il est une collection
chaleureuse de dix titres qui transpire le feeling et les seventies par toutes
les notes. Le jeu batterie à la Ian Paice de Ludwig Witt (Spiritual Beggars) et
le chant légèrement voilé du maître des lieux participent en outre de cette
référence sincère parfaitement digérée. Nostalgique peut-être, anachronique
certainement mais on s’en moque pas mal et le groupe aussi, sans aucun doute,
tant la recette est servie avec talent et une volonté évidente de se faire
plaisir. A l’heure du formatage et du conformisme ambiant, Firebird est plus
que jamais un projet précieux. C’est pourquoi, on savoure ce nouvel album, que
certains jugeront trop court (à peine plus de 30 minutes), mais le trio n’a pas
oublié que la durée idéale d’un disque reste celle d’un vinyle. On s’agenouille
devant de tels bijoux d’écriture, généreux et d’une simplicité (qui ne signifie
pas pauvreté) admirable et plaisante. Entre pistes catchy (le bluesy « Soul
Saviour »), propulsées par une rythmique jouissive (« Ruined »,
« For Crying Out Loud ») ou plus lentes (ce magnifique
« Arabesque » aux teintes plutôt sombres, « Pantomime » sur lequel plane
l’ombre du Deep Purple Mark III lors de ses moments les plus délicats), Double
Diamond est un de ces disques avec lequel on se sent tout de suite à l’aise et
dont on aimerait qu’il récolte davantage de succès qu’il ne va à en rencontrer
à coup sûr. Tous les deux ans, Firebird vient nous rendre visite dans une indifférence
fâcheuse et, plutôt que d’espérer, comme beaucoup, un nouvel album de Carcass…
qui ne viendra peut-être jamais, mieux vaut saluer la constance ainsi que
l'éclat de ce projet unique qui n'a pas attendu que les années 70 redeviennent
à la mode pour s'en inspirer. (2011)
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